SEANCE PRIVEE


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SEANCE PRIVEE

 

Quelques brins de bleu tirent à tresser

mon cheval suce le vent à pleines dents.

crinière et queue panachent la crête des vagues, l’écume porte cette odeur du vitrier qui rémoule un jour nouveau. L’antique air vide.

Le buste de mots lierre posé sur le secrétaire se baigne dans l’encrier. Quelques mots de parfumeurs écrits à la min se laissent hâler. Ton coin garde-robe tire un peu la gueule, bah, la peau c’est ce qui t’habille le mieux . Un ton de garrigue en plus. Mais le lointain a rapproché le bateau en papier on peut voir sa misaine entrer dans l’anse, où le pas nié décline ses préférences. Quel enfant pourrais-je ôter de moi si je devais grandir, j’avoue que je m’y refuse, je désire finir ma vie comme je me suis efforcé de la commencer. Le caniveau a résister à la canicule

Niala-Loisobleu – 07/09/18

Sílvia Pérez Cruz | Mañana


La voix de Sivia extériorise le sens des mots en les enveloppant des nuances musicales de circonstances. Le chant est aussi écriture de l’émotion…
N-L

Avatar de L. & L.Je pleure sans raison que je pourrais vous dire

Sílvia Pérez Cruz | Mañana. Ana María Moix, paroles ; Sílvia Pérez Cruz, musique.
Sílvia Pérez Cruz, chant ; Carlos Monfort, violon ; Jaume Llombart, guitare ; Miquel Àngel Cordero, contrebasse.
Video réalisée pour le film documentaire Ana María Moix, passió per la paraula. Production : PlayFiction Video & TV3. Catalogne, 2016.

La vidéo est extraite d’un film documentaire de 2016 consacré à l’écrivaine Ana María Moix (1947-2014). On suppose que la chanson, musique de Sílvia Pérez Cruz sur un texte de l’écrivaine, a été écrite exprès. Délicatesse de ce chant souriant, élégamment accompagné d’un trio de cordes, guitare, violon, contrebasse. Sílvia Pérez Cruz  est décidément une artiste.

Le documentaire peut être visionné dans sa totalité (avec sous-titres français) ici.

Cuando yo muera amado mío
no cantes para mí canciones tristes,
olvida falsedades del pasado,
recuerda que fueron solo sueños que…

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Instant, au bord


Coulent les manifestations d’existence. Mon poignet pouls sans aiguilles, ma tempe bat sans tambour, mon ventre gargouille sans monstre, le tout avec un peu de cathédrale, de Quasimodo et d’Esmeralda…énormément de sacré en totale absence déique.

Je suis mortel raison absolue de vivre.

Vivre bleu en sachant

Lucide

Le noir est partout

Sauf en aile émoi

N-L – 07/09/18

COMME LE BLEU SE FAIT INTENSE


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COMME LE BLEU SE FAIT INTENSE

 

Le pavé froid tend sa joue

à travers les barreaux de sa cage le quotidien va choisir de s’évader.

Dans les pages du jardin secret, l’insecte balade son encre sans relâche, est-il si petit qu’on arrive parfois à ne plus le voir ?

C’est vrai que sa vocation peu exhibitionniste l’oblige à cacher, pourtant croyez-moi, plus nu tu mourrais.

Je pense que l’âme est vaste au point d’avoir choisir d’habiter le corps afin de pouvoir rester dans l’étriqué visible. Modestie oblige.

Septembre est  bien dans sa peau, je veux dire la peau de l’âme car elle en a une et bien plus charnue qu’on l’imagine. Ce mois est humble, voilà pourquoi il lui sied. On voit les pampres sur le bord d’éclater, la treille déleste ses feuilles pour tenir le grain le plus longtemps possible afin que dans les jours à venir les pieds puissent le fouler. Jaillira le sang de la vigne, l’ivresse joyeuse venant à bout du vain.

Comme le bleu se fait intense

Ô ma Muse, je te trempe aux feuilles de mes toiles pour que tu peignes, seins offerts à ma soif de la troisième dimension du non-dit, ce mot qui crie retenu, lisible comme les gravures de pierre d’une obélisque jaillie du Nil, axe solaire s’il en est dans les bras du Sphinx, gardien imperturbable du fil des cataractes, grand maître de l’estuaire, pierre fendue de la Lumière…

Niala-Loisobleu – 07/09/18

TU LA VOIS


Yannis Ritsos

TU LA VOIS ?

Il prend dans ses mains des choses disparates — une pierre
une tuile brisée, deux allumettes brûlées,
le clou rouillé du mur d’en face,
la feuille qui est entrée par la fenêtre, les gouttes
qui tombent des pots de fleurs arrosés, les pailles
que le vent d’hier a déposées sur tes cheveux — il les prend
et la-bas, dans la cour, il édifie presque un arbre.
En ce presque réside la poésie. Tu la vois ?

Yannis Ritsos

Roberto M. Giordi | Core ‘ngrato


Avatar de L. & L.Je pleure sans raison que je pourrais vous dire

Roberto M. Giordi. Core ‘ngrato. Riccardo Cordiferro (pseud. de Alessandro Sisca), paroles ; Salvatore Cardillo, musique.
Roberto M. Giordi, chant ; Piero de Asmundis, arrangements et production artistique. Extrait de l’album Il sogno di Partenope (à paraître).
Vidéo : Alessandro Freschi, réalisation et montage. Italie, 2018.

Le cher Roberto, le Napolitain de Paname, enlève le haut dans sa nouvelle vidéo. Le bas aussi, il ne faut pas en douter même si on ne le voit pas, car Core ‘ngrato, l’une des plus célèbres chansons napolitaines, parle de dépouillement absolu : « Tu m’as pris ma vie » dit le refrain. Ce morceau est le premier publié d’un album entièrement consacré à Naples, Il sogno di Partenope (« Le songe de Parthénope »), à paraître sous peu.

La chanson remonte à 1911. Le texte est l’œuvre d’un certain Alessandro Sisca, Napolitain émigré en 1892 aux…

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MAUX DE PIERRE


Reproduction, (C) Bloomsbury Auctions

MAUX DE PIERRE

 

Là devant à se répandre par bords, le tympan enflammé ressent une lancinante douleur

la jambe échappe à sa soeur au passage du genou

l’impression de figure de proue mise en poupe force alors que l’allure tourne à la cape

Il pleut dans une atmosphère trop lourde pour que la soif de l’herbe s’étanche dans le ton vers qu’elle trouve plus convenable que la craquelure apparaissant au fond de la rivière

Les paradoxes du temps sont en proie au lâcher-prise de la vérité, le mal ne peut rien à l’anémie de vivre, il resserre le garrot d’un tour de vice

En regardant sans trouver, sinon favoriser l’obsession, la couleur rabattue écoeure la toile comme un chant de lin où rien de bleu ne fleurirait…

Niala-Loisobleu – 06/09/18

PAR LE CHEMIN DE PEINDRE


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PAR LE CHEMIN DE PEINDRE

Peindre

donner à son âme

le droit de représentation

en tous endroits

en toutes circonstances

d’acte et de pensée

par rapport au froid et au chaud de son poil

par le lien que la sensibilité capte, rapport émotionnel

par la spontanéité du geste mu des stimuli reçus

de l’heur de son horloge interne

Devenir siamois du pigment

étreint du pinceau

buvant le médium

qui nargue le couteau

d’un désir d’empâtement

qui peut se faire vapeur d’eau pour pierre

Matière de soi

née du quelque part d’autres

Sensualité affichée

par l’érection d’une forme

donnant l’orgasme à la composition

Peintre montre-toi nu

plus déshabillé que ton modèle

Dis ton combat pour trouver

ce que ton humilité doit taire

Couleur

tu es le teint du tant

dans l’humeur de ta souffrance du peu

Peindre avec l’alphabet de son écriture

du A comme je t’aime aujourd’hui

au Z comme en corps hier à deux mains

La peur unique au ventre

la peur qui crée

la peur qui stimule d’une poussée animale

la peur qui fait surmonter sa peur inadéquate

la peur qui veut que tu la lises espoir

contre l’arrêt brutal de courant pot au noir

désarroi

un rond à remplir de jaune

souligné de bleu vertical

Miroir du ressenti

de la présence

Rien ne se délie du touché ressenti

du vent porteur la vague peut tourner soudain en dérive

changement de direction

une onde passant d’un milieu dans un autre entraîne la réfraction qui dévie…

Niala-Loisobleu – 06/09/18

Les eaux de mon été -6/ Larmes, absolument !


Eternellement tripant…
N-L

Avatar de LeliusDe braises et d'ombre...

C’est tellement mystérieux le pays des larmes.

Saint-Exupéry – « Le Petit Prince »

Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Baudelaire – « L’invitation au voyage »

Le GuerchinLes larmes de Saint-Pierre (détail) – Musée du Louvre

Jamais, heureux homme, ni la toute-puissance impitoyable du soleil, ni l’accablante tyrannie des cieux, n’auront tari la source de tes larmes. Bénies soient-elles !

Si survenait pareille apocalypse, lequel de ton espèce resterait-il encore pour partager l’effroi de ton ultime frémissement ?

« Lasciami piangere » – Aria de Galsuinde extraite de l’opéra

« Fredegunda » composé par Reinhard Keiser en 1715

.

Joyce DiDonato (soprano)

Il Complesso Barocco dirigé par Alan Curtis

.

Illustrations et montage vidéo : Jeffrey Stivers

Laisse-moi pleurer
Puis mourir.

Ô mon trésor, accorde
Cet amer réconfort
A ma souffrance.

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CARNIVORE


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CARNIVORE

Broute, créature
Afin que ça dure

Encor
De voir s’enflammer
D’amour ton âme et

Ton corps.

Grignote tout cru
Le gazon bourru

Des landes,
Mais à belles dents
Mâche en frissonnant

Tes viandes.

Si l’eau des rivières
Contente les pierres,

Nos sœurs,
Quel fleuve d’histoire
Peut donner à boire

Au cœur ?

Le gai
Carnivore
Au dieu qu’il adore

Gloussant,
Réclame en naissant
La chair et le sang,

Le sang.