FAIRE A N’OEUF
Ce bord d’Iroise aux herbes de chemins beaux se tient noué au carrefour d’un anglo et d’un normand , libre d’ancrage à l’enseigne hypermarché, quelques mètres retiennent la barque au sec, les yeux écoutent en rassemblant ce qui leur reste de liquide pour flotter hors de la retenue.
– Tiens un Minquier !
– Cest quoi, dis Monsieur un Minquier ?
– Un morceau d’archipel, profond tas de cailloux, plus grand qu’une table chevalière, qu’un autel, un dolmen, une pyramide, un lieu sacré entre deux éléments, recouvert de transparence liquide, un bateau démâté d’hélice et tout en voiles hissées, un peu comme un radeau démédusé, le regard sans ombre, le cap espérant de ceux qui savent que conter pour laver le noir, un coin de hauts-fonds remué par le courant qui s’accroche. Cette cabane éventrée, verdoiement du souffle, matin de pause avant qui mimétise pour échapper au prédateur du jour
– Dis donc Monsieur, tu crois que ton histoire peut tenir debout, d’où tu sais des choses qui remuent comme ça ?
– De les Marines, d’un air du péri avec lequel il arrive qu’on se demande pourquoi n’âger qu’en refusant son total de naissance c’est tout couver à n’oeuf.
Archipel mouillage de mes pores d’attaches, fais-moi marcher flots tant…
Niala-Loisobleu – 11/09/18

L’éternité
comme une immense coquille d’œuf
m’entoure de tous côtés
et voici que la liberté,
belle lionne,
se métamorphose à son gré…
Robert Desnos, La liberté ou l’amour.
Te faire marcher flots tant comme faire voler un œuf d’un simple souffle, je fais…
Il est beau ton texte, mon Alain.
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UNE ÉTOILE TIRE DE L’ARC
Toutes les brebis de la lune
Tourbillonnent vers ma prairie
Et tous les poissons de la lune
Plongent loin dans ma rêverie.
Toutes ses barques, ses rameurs
Entourent ma table et ma lampe
Haussant vers moi des fruits qui trempent
Dans le vertige et la douceur.
Jusqu’aux astres indéfinis
Qu’il fait humain, ô destinée !
L’univers même s’établit
Sur des colonnes étonnées.
Oiseau des
Iles outreciel
Avec tes nuageuses plumes
Qui sais dans ton cœur archipel
Si nous serons et si nous fûmes,
Toi qui mouillas un jour tes pieds
Où le bleu des nuits a sa source.
Et prends le soleil dans ton bec
Quand tu le trouves sur ta course,
La terre lourde se souvient,
Oiseau, d’un monde aérien,
Où la fatigue est si légère
Que l’abeille et le rossignol
Ne se reposent qu’en plein vol
Et sur des fleurs imaginaires.
Une étoile tire de l’arc
Perçant l’infini de ses flèches
Puis soulève son étendard
Qu’une éternelle flamme lèche,
Un chêne croyant à l’été
Quand il n’est que l’âme d’un chêne
Offre son écorce ancienne
Au vent nu de l’éternité.
Ses racines sont apparentes,
Un peu d’humus y tremble encor,
L’ombre d’autrefois se lamente
Et tourne autour de l’arbre mort.
Un char halé par des bœufs noirs
Qui perdit sa route sur terre
La retrouve au tournant de
Pair
Où l’aurore croise le soir,
Un nuage, nouveau
Brésil
Emprisonnant d’immenses fleuves,
Dans un immuable profil
Laisse rouler sur lui les heures,
Un nuage, un autre nuage,
Composés d’humaines prières
Se répandent en sourds ramages
Sans parvenir à se défaire.
Jules Supervielle
Avant que le chapeau ne retombe prendre le moulin à vent et se le coller à l’aube, puis , puis, en corps ma Barbara…
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Merci ma Barbara.
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Prends le soleil dans ton bec…
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Les Minquiers…un univers hors normes, une érudition à toute épreuve.
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Si la rare beauté d’un tel lieu subsiste c’est par son impitoyable défense naturelle contre l’homme-prédateur…
Merci MaJo.
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Et comme je le comprend, et comme je ne l’ai jamais oublié, bisous MonAlain,
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Je sais la fidélité ta mémoire MaJo, merci, je vous embrasse Loïc et toi
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