POESIE DE L’IMPOSTURE


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POESIE DE L’IMPOSTURE

 

« Gardez la monnaie »
dit l’un qui sondait les murs
à l’autre qui prétendait se mettre en marche
et tous deux semblaient soucieux

« Gardez la monnaie »
dit la poussière à l’or
et tout le monde dans la rue se retourna
comme s’il était arrivé quelque chose d’irrémédiable

« Gardez la monnaie »
dit la patrouille en rentrant
car il était tard
il y avait eu beaucoup de morts
et c’était le mot de passe

il faudrait mutiler les corolles qui s’ouvrent
fixer à pleine face
le bégaiement de la misère interrompue
il faudrait…

et cela me rappelle un nom d’emprunt
valable pour toute une vie
et ce brouillard tiré par un bateau d’esclaves

et le sentiment que seule la chute est possible
et qu’en elle
pour la première fois
les amants s’observent sans frémir.

Georges Henein

ENTRE TIEN EMOI 15


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ENTRE TIEN EMOI 15

 

ON EN MEURT PAS MAIS CA VOUS TUE
Un rayon de soleil à travers la verrière

 

ENTRE TIEN EMOI 14


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ENTRE TIEN EMOI 14

Rassemblés par un vent à la ramasse les joueurs couplent sans atout. Une porte grince les yeux sortis sur  le tapis vers mis en main dans l’ombre de la partie. La mise vient d’annoncer un choix pour ailleurs. L’enjeu fait lever les yeux sur la carte où passe le chemin le plus direct à prendre. A quel âge ne commencerai-je pas à devenir celui qui compte les billes ? Dans qui paire gagne le climat espère plus sur ce qui manque que sur ce qui est en place, le trottoir antichambre pour mettre les eaux-sales au caniveau. Il y a au bout de la corde une encre qui lève les maux. Si l’huis sied, constate et abats sans jouer. Le grand Jacques en partant rejoindre le choix de Gauguin fit autre que miser, il resta fidèle à cet amour pour lequel seul la vie compte.

Niala-Loisobleu – 08/08/18

ENTRE POUSSE ET INDEXE


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ENTRE POUSSE ET INDEXE

L’harassement caniculaire est propre a levé la poussière

les blindés de l’araignée

en première ligne avancent sans rencontrer de résistance

L’offensive aurait pu réduire l’atelier à néant, plus rien n’ayant le moyen nécessaire entre pouce et index pour faire parler les tubes.

Amas de frises des toiles collantes

débris d’insectes

reliefs de festins de fourmis

trempé d’aisselles au front nez à nez

Amour frais comme menthe qui gante

le gris nuage n’aura jamais été aussi bleu qu’au sortir de l’hébétude d’un sommeil que le  harcèlement des mauvaises fois renouvelées a fait bâtard

T’aurais vu l’aspirateur dans son assaut que tu t’aurais cru Berlioz un matin symphonique fantastique…

Que c’en a percé un trou dans la lourdeur, nos héros sont deux moineaux qu’une pépie d’amour engluait genre oiseleur.

Vont voler, vont, vont voler…

Niala-Loisobleu – 8 Août 2018

ÎLE PEUT LE FAIRE


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ÎLE PEUT LE FAIRE

 

Passé le dernier méandre de la scène, l’auteur fait tout dire au rivage. D’un penché de venelles aux pavés pris chez le granitier local  les premières maisons adossées l’une contre l’autre dansent dans la nébulosité estivale. Nus comme des oiseaux sans feuilles, les patios voient sans rien montrer. La richesse végétale accordée au rythme respiratoire de la fontaine tient les étages en dehors des longues de trottoirs. Le palmier qui marque l’entrée garde sans besoin d’être armé. Les tapas s’accordent à la fraîcheur de la sangria pour que les guitares revenues de la marée parlent à voix haute, un morceau de vie en bouche-à-bouche. Nos pensées sont sorties du chemin des maisons closes pour s’ouvrir sur le large où des mains claquent aux talons pour scander un autre éclairage. Sans frontières  mais toute intimité préservée l’esprit tremble depuis le feu sur la plage.

La lune isole le cheval assis sur le blanc de sable, pendant qu’il remet la chanson catalane dans sa voix. Autour de lui des phoques, des dauphins, des grands oiseaux de marins sur béquilles, des batraciens, et énormément de lentilles autour des nénuphars, time is Monet,  font silence. Au pigeonnier une portée de p’tits-lapins sur les lièvres d’un gospel, fait l’amour sans que les gentils organisateurs sifflent d’arrêter.

Surréaliste un clown-blanc éteint l’artifice. Colombine se balance sans culotte.

La montagne que la beauté tient discrètement en tableau de scène laisse seulement voir son odeur de femme. Etrange assemblage de dessous, fumets de courses sauvages, voix douce d’un fado à l’embarquement, vapeurs lascives d’une coupure de l’anti dit cette heure. L’abreuvoir de ma couleur secoue la crinière et dresse l’aqueux, pendant que t’écrira en m’aime tant je peindrai autan occitan qu’un chevalier cathare.

Niala-Loisobleu – 07/08/18

AUTAN OCCITAN 8


AUTAN OCCITAN 8

(Autan-Occitan est une série de 10 tableaux de Niala à partir desquels Barbara Auzou a écrit 10 poèmes. Il s’agit donc d’une oeuvre commune de deux auteurs indissociables.)

 

La silhouette circulaire

et avisée de la lanterne des morts

déjà s’éloigne de la pierre

de mes tempes émues

et sous une lumière crue et suppliante

m’offre des grappes du monde tard venues

à faire mûrir gravement à la treille d’or

de la maison choisie qui rogne sur la pente

d’une parcelle de chênes tutélaires.

Avancer pour que vienne le jour

au chevet de mon sommeil aux yeux de terre.

Avancer pour révéler la robe à la pruine du fruit

et les coursons de vignes neuves au vent des chansons

qui tendent l’oreille à la route et ses détours,

à la râpe du soleil sur le caillou du matin.

Mes pas bleus de poussières gravissent sans fin

la charpente de l’œil qui m’accueille dans le velours

de son indispensable tanin.

Barbara Auzou

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Autan Occitan 8 – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 46×38

ENTRE TIEN EMOI 13


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ENTRE TIEN EMOI 13

 

Au départ sans qu’on veuille et  l’accablement compris, on va. Nous sommes notre première contradiction, au pire on fait monter le désir d’avancer, oh bien sûr c’est pas applicable en général. C’est les signes, ces messages qui remontent à notre époque animale, qui nous drivent. Chouette j’ai gardé assez d’instinct pour être un homme qui souffre et veut pas que ce soit à prendre comme une malédiction. Mes voisins fréquentent tellement de lieux de distraction qu’à voir comme ils s’emmerdent que ça m’inspire rien qui vaille de participer à la mode. Tatouer son corps comme pour le rendre plus laid me dis-je en devant subir les habituées des hypermarchés, mais comment ces bombasses peuvent se jeter dans le marquage cow-boy de western nul. J’en ai vu une en marcel ce matin ses bras comme des cuisses, marquée pire qu’un foutre balleur. Et t’as pas vu les zones cachées me dit  ma pensée dans la collision de chariots qui suivit mon coup de pompe. Faut s’arrêter, pas conduire sans perdre le bon sens de son véhicule. Se raser la nature pour la donner à un marchand d’encre, non je lâche tout et garde mon esprit ringard que la toison dore autrement qu’un dragon dans l’entrecuisse. Le cou de l’aigle bas du do, un drame écologique. Reparti comme si la route ne souffrait pas d’excès, je te croisais avant le stop qui nous sépara. Oui on a gardé la vue nette grâce à cette fenêtre en dehors du passage. Figure-toi que les volets bleus que j’y ai mis ont des lames sur lequel le soleil surfe. J’ai vu ton nombril dans le suiveur de celui de 18 heures, j’en ai pleuré à rien retenir, la suite je te l’a raconterai au moment où la lune sera en place…

Niala-Loisobleu – 06/08/18

HÔTE LISSE


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HÔTE LISSE

Je tapisse, le métier fait des hans. Par le chas de l’aiguille du peint le fil est sorti se mettre au frais dans le bleu cobalt d’un chemin lancé. L’onctuosité  va serpentant lascivement par la bouche du tube pressé. Les doigts comblent le trou de taire du pas causeux.

Les bornes additionnent et soustraient en même temps, pareil une histoire des sens, genre problème de robinet faisant partir deux trains à la même heure en sens contraire…fais pas chier tu vas me dire de te donner l’heure à laquelle y vont se croiser, mais couillon, c’était valable sous Jules Ferry ton problème. Avec la vapeur la SNCF a pas perdu la bataille du rail, c’est juste depuis qu’on a entré dans le marché commun qu’on déraille.

Où es-tu ? T’as franchi la Loire pas comme les arabes qui avaient été arrêtés à Poitiers…mais ça c’était avant qu’on sache plus comment s’y retrouver dans les paix de religions. Ma préférence de watt c’est la laïcité, en principe ça accepte toutes les couleurs de peaux.

Degré ou de force faudra qu’on lui ait la peau à c’te canicule, vivre renfermés dans la même pièce ça finit par sentir quelque soit l’heure.

Je tire mon lance-pierre avec ta fourche

c’est fou comme ça fait rire tes seins

y gigotent comme deux chiots que la lourdeur n’indispose

Je reste tremblant de créativité quand après avoir frotté les pierres un sésame ouvre la grotte à peindre une suite à l’histoire d’un commencement…

Niala-Loisobleu – 06/07/18

PAR LA FENÊTRE


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PAR LA FENÊTRE

 

Le sel gardant le soleil à son carreau

je roule

fenêtre ouverte

crête d’un vague tourné marais bas

remise à neuf  par le lapidaire à philtre

 

Ces pierres polies ont un grain nouveau sous ma robe

 

Virages, ô oui ma gorge est serrée par demains façonnant, écrivant, peignant

au saut du nid

envol où je roule je te vois par monts et mer qui veillent

sachant avant d’y être arrivée que la vallée me tient prête pour un autre versant

 

La maison où qu’elle fonde

gardera sa fondation occitane…

 

Niala-Loisobleu – 06/08/18

ENTRE TIEN EMOI 12


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ENTRE TIEN EMOI 12

L’éloignement des cigales redonne un pneu de la voie menant plus clairement à l’indicateur de vie test. Avant que les vaches retournent aux trains libérés des pannes l’entre deux-mers asperge la plage du bord à bord au bruimisateur. Ce qui reste de poussière aspire à s’ensacher. La couleur des arbres change de fruit au fur et à mesure que l’encre se lève. Pas loin un oiseau va décrocher l’abstinence. L’atelier secoue le tapis à grands coups de poitrine, on voit plus clair dans la menthe. Sur la Chaume le tilleul ombre l’herbe qui choisit de redresser. Vigueur de bas en haut, remède archi…

Niala-Loisobleu – 06/08/18