ÊTRE


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ÊTRE

Les ombres se frottaient au store, signe de l’existence de quelques marionnettes mises en mouvement par des fils invisibles. D’un réseau de cordes qui se croisaient, pendaient des habits qui séchaient au vent brûlant de l’été. Des figurines en cire se consumaient. Ces choses vivantes se mettaient à fredonner, la mort dansait derrière la nuit.
Un minuscule humanoïde de sexe masculin fondu dans un haillon en ruine déambulait sur la planche, il était taillé, modelé d’un bois pâle et dur. Ses petits pieds chaussés de deux sandales grotesques avaient peine à toucher le sol. Une jolie poupée en polyester fardée d’une beauté d’un genre commun, une copie d’une série de mille autres identiques l’arrêta et l’embrassa sur sa bouche mal usinée. Cette vie en bois était l’œuvre d’un artisan maladroit, quelque apprenti-menuisier qui était probablement destiné à faire autre chose dans sa vie. La poupée, elle, était l’œuvre d’une machine, elle sortait d’une boîte colorée, l’œuvre d’une industrie de mensonges à multi-usage.
Certes la cire qui fondait témoignait d’un climat chaud, mais l’atmosphère était glaciale, un froid qui terrifiait le bois, la cheminée ouvrait sa gueule, l’âtre était vide, même ce baiser était aussi froid et sec, il n’avait ni goût ni odeur, il annonçait l’hiver.
La musique s’arrêta net et l’homme de bois laissant ses sandales effleurer le plancher dit sans ouvrir la bouche :
— La musique est la forme la plus abjecte de l’art, n’importe quel trou de cul peut en produire. Moi-même j’en fais !
— Ce que toi tu fais est magnifique. lui dit le polyester femelle.
— Ce que je fais est toujours magnifique, mais c’est ce que je ne fais pas qui est utile.
Les fils qui le suspendaient se desserraient, on eut dit qu’il allait s’effondrer.
— Arrête de réfléchir et viens avec moi. lui proposa la poupée.
— La réflexion est une nécessité pour certains, une passion pour d’autres, mais une chimère pour ceux qui croient réfléchir. C’est d’ailleurs leur unique sujet de réflexion. Ils pensent à penser ou à ne pas penser.
Il était complètement étiré sur le plateau. Eparpillé serait le mot juste.
— Arrête de poignarder ta jeunesse ! lui cria la poupée.
— Ma jeunesse ! Je serai à jamais jeune, il n y a pas de temps, on ne vieillit pas on s’use.
On tira les fils et il se releva (Il se ramassa).
— Viens avec moi, et on inventera le temps, on vieillira ensemble et on mourra, inventons des années, inventons l’espoir.
— Si l’espoir était un homme, son dos serait voûté, on le verrait tendre la main pour ramasser, on le verrait se prosterner devant un semblable, devant ce néant qu’on appelle par pitié pour nous-mêmes dieu, devant n’importe quoi. Il voudrait exclure le doute, il voudrait voir ce qu’il n’y a pas, créer des insanités. On aurait pitié de lui. Ce n’est pas rien la pitié, c’est un noble sentiment……………. La pitié est une horreur et non un sentiment.
— Tu dois m’aimer. reprit la poupée.
— Si l’amour est un devoir, j’irai louer la haine, si la haine devient devoir je me ferai indifférent. lui répondit l’homme de bois.
— Il n’y a rien à faire, je ne puis me taire, je dois bien jouer à être quelqu’un, c’est plus facile en bavant. J’ai pris à la vie ce qu’elle avait de mieux : la chair, de la bonne viande rouge, ou plutôt rose, je préférais la rose, sans âme et sans vertu. -Une prostituée fera l’affaire- Je m’étais dit. C’était inutile, j’étais fait de bois, j’étais la mort qui vivait dans ma sève. Je suis censé être un arbre, pas un guignol.
— Arrête de te faire des nœuds dans la tête, moi aussi je n’aime pas trop le monde, mais je ne me fais pas chier à lui lancer des flèches, se serait humiliant de s’arquer pour les ramasser.
Il y a certes des natures insondables, néanmoins le fossé qui sépare deux de ces natures peut renseigner le Spinoza sur la dimension de l’une et l’autre, non en les mettant sur une échelle mais en traversant lui-même cet abîme. L’empreinte du silence sur un visage est beaucoup plus expressive que toutes les phrases qui s’impriment sur un vulgaire papier. Le silence est la forme la plus raffinée et subtile de l’art, c’est sa forme la plus élevée. Le non dit n’est pas l’oublié, il n’est pas le non su, il n’est même pas l’indicible, Il est l’art, il est la pensée qui redoute les mots.
— Viens avec moi. lui dit le polyester femelle en posant ses lèvres sèches sur les siennes et ces dernières restèrent indifférentes à ce baiser volé.
— Tu ne vois donc pas que je suis suspendu.
— Il te suffit de dire oui, de décider de venir avec moi et tu seras libéré de ces cordes… Viens avec moi, nous traverserons les champs, nous serons heureux, nous vaincrons cette honte qui t’accable. Nous serons riches.
— Les riches de notre époque jouent au golf ou je ne sais à quels autres jeux futiles, les riches d’une certaine époque écrivaient des livres. Ce n’est pas pour dire qu’il y a une évolution dans le temps, mais pour dire que rien n’a changé. C’est toujours la même histoire. Avoir pour être. Je préfère mes cordes.
On tirait sur les fils et il se releva.
— Nous autres poupées, on court chercher les balles. C’est cela ? dit la poupée en s’éloignant.
— On est les balles, des sujets, des trucs.
— Non, les balles sont identiques, pas nous. Moi je suis une femme et tu es un homme.
— Ce n’est pas ce qui nous distingue, on est des poupées le sexe est une différence banale.
— Tu es insensible, tu es de bois, fais-moi confiance, viens avec moi, je ne pourrai bouger d’ici sans toi, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de t’avoir pour être. Viens, viens…
Sa voix s’éteignait.
— Il est vrai que je parais insensible, c’est toi-même qui le dis, je suis de bois. Mais je peux aimer, je peux aimer cette fleur (Il n’y avait aucune fleur sur scène) et si je te le montre, si je te fais voir cet amour, tu aurais honte du tien. Tu comprendrais certainement que tu es incapable d’amour.
— Pourquoi tu ne me le montres pas ? Tu n’as rien à faire d’autre, aime-moi, il n’existe aucune autre, il n’y a que moi et toi, aime-moi. Ton attente est ridicule.
— Qu’est ce que tu en sais ?
— Il y a dans une femme ce qu’il n’y aura jamais dans un homme, un vagin. Il y a dans un homme ce qu’il n’y aura jamais dans une femme, un pénis. Il y a là le véritable sens de l’existence : baiser en attendant ton godot, ce n’est que du théâtre.
— Il n’y a dans l’existence, ce théâtre de guignol aucune intrigue, aucun style, aucun sens c’est à peine un endroit.

Ahmed Yahia Messaoud
Extrait de:  Le Fantastique Editions Edilivr

LA LECON DE CHOSES


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LA LECON DE CHOSES

L’eau cachée dans une évaporation caniculaire

se fit soudain sortir d’un nuage

comme le cri du corps d’une nature délaissée par l’abstinence sèche

De mémoire de brin d’herbe le vert c’était avant entendis-je venir du choeur des sourds

-Que non fis-je en peintre pas qu’un peu fou. Suffit de caresser comme si on remontait à vélo, ça s’oublie jamais !

Les vannes répondirent présent dans la foulée d’une et plus galipettes vu l’affinité

ô fraîcheur tu sais ma Muse en t’allant puiser

un ton tendre se fit voir au dur des couleurs rabattues

je crois comme y disent pas

que je suis pas Chagall, mais que je t’aime mieux qu’un rêve

quelque soit le versant de la fenêtre

l’aile du poisson-volant se dressant à la crête du clocher

ou l’absence de choses te couvrant à tout cacher

l’éclat de rire qui sort de ma main gauche de savoir que t’écris me rend heureux

dans ce qui nous manque sûr que l’amour n’est pas à consigner…

Niala-Loisobleu – 13 Août 2018

MUE TEINT


L'ATELIER DU PEINTRE - 2011 - NIALA - Acrylique sur toile 46x38 010

MUE TEINT

Les couloirs où les pas s’en foncent appellent à plus de clarté sur le pas de porte

il y a la raréfaction d’oxygène  où pourvoir

Je ne cherche pas l’oiseau du regard

un trop d’engrais l’a fait chercher où poser ses ailes ailleurs ou mourir sur place

J’ai contre-peint comme si moi l’imaginatif je me trouvais à reproduire sur le motif. Danger, prendre un jute-box sur hamburger et coca emprisonnent la carte du tendre du déjeuner sur l’herbe d’un entrain de campagne, les vaches pour témoins.

Mets-toi les seins de la Muse pour seul chemin qui vaille. Tu n’as pas à devancer l’appel pour rejoindre la camarde, son sourire est trop peur. Les petites maisons sont là qui te tendent les bras de leurs venelles à l’abri des devantures commerciales, du soleil à vivre et non à estourbir dans l’oeil qui déforme la nature des choses. La voilà ta porte, tu le sais mieux que personne.

Je t’aime tu lui as dit, montre-lui…

Niala-Loisobleu – 13 Août 2018

AUTAN OCCITAN (Vidéo)


AUTAN OCCITAN (Vidéo)

La mer malmenée par des écraseurs caniculaires a ramé pour grimper la montagne dans un refuge d’ubac. Il faut tenir le sel vivant. Trop de rapaces mécaniques, robots aux yeux bridés qui limitent le champ visuel sont en vente libre. Pour respirer la mélopée marine, Barbara, a mis l’image en musique. Un chant catalan au tempo du vent d’autan, ne pouvait qu’hâler à merveille.

Les poèmes viennent enlacer les couleurs de Corbières, à travers monts, pierres, vignes et gorges au filet d’une voix d’ô…c’est hautement complémentaire . Un bien beau travail ma Barbara, merci…

Niala-Loisobleu – 12 Août 2018

AUTAN OCCITAN 10


AUTAN OCCITAN 10

(Autan-Occitan est une série de 10 tableaux de Niala à partir desquels Barbara Auzou a écrit 10 poèmes. Il s’agit donc d’une oeuvre commune de deux auteurs indissociables.)

Désolés d’une ancienne ignorance

Tapie sur l’autoroute des deux mers

Entre robes de ciment et parfums lourds de vacances,

Il fallut renouer avec la matière,

Avec les objets célébrer la secrète alliance

Et sous un vieux soleil fatigué de son itinérance,

Rejoindre la maison debout, l’irréfutable,

Le rythme des rafales et les rumeurs de la mer

Pour mûrir le vertige cathare sur des coteaux instables.

S’il faut périr par le feu ou par le fer,

Nous poserons la pierre ultime au faîte d’une forteresse imprenable

Et les oiseaux que vous jetterez  dans le feu de nos âmes,

Chanteront encore, chevaleresques, les valeurs occitanes

Attentives aux gestes de la terre et à ses signaux émus.

Une odeur de cendres monte de la poussière nue.

À la promesse d’exister les Corbières se font parfois inhospitalières

Et l’encre première hésite à sa source pour parfaire son eau

Qui glisse à nos genoux de cailloux clairs et au cep de notre dos.

Au plus fort du silence et avec son entière approbation,

Nous suivons des roches de schiste la nécessaire procession

Qui, palier par palier, nous ouvre le chemin de la maison dernière.

Barbara Auzou

Autan Occitan 10 – Niala – 2018 – Acrylique sur toile 46X38.

 

Les Corbières pays natal , on peut dire quelque part de Nous. La maison-mère-mer, dont on a sorti la vipère pour faire entrer l’oeuf de naissance du monde d’ailleurs, celui de notre absolu poétique. Cette oeuvre est du bas au haut, montante, amarrée, pierre de voyages, oiseau-lyre, papier mâché au moulin à marées. Osmose, tes mots arc-boutent mes couleurs dans la m’aime forme constructive. Un bonheur c’est peu dire de créer avec TOI ma Barbara. Merci.

Je remercie celles et ceux qui nous suivis et leur dit à bientôt nous continuons.

Niala – 11/08/18

 

 

AU DERNIER QUART DE LA NUIT


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AU DERNIER QUART DE LA NUIT

Hors de la chambre de la belle rose de braise, de baisers le fuyard du doigt désignait
Orion, l’Ourse, l’Ombelle à l’ombre qui l’accompagnait

Puis de nouveau dans la lumière, par la lumière même usé, à travers le jour vers la terre cette course de tourterelles

Là où la terre s’achève levée au plus près de l’air (dans la lumière où le rêve invisible de
Dieu erre)

entre pierre et songerie

cette neige : hermine enfuie

ô compagne du ténébreux entends ce qu’écoute sa cendre afin de mieux céder au feu :

les eaux abondantes descendre aux degrés d’herbes et de roche et les premiers oiseaux louer la toujours plus longue journée la lumière toujours plus proche

Dans l’enceinte du bois d’hiver sans entrer tu peux t’emparer de l’unique lumière due : elle n’est pas ardent bûcher ni lampe aux branches suspendue

Elle est le jour sur l’écorce l’amour qui se dissémine peut-être la clarté divine à qui la hache donne force

L’AURA DES CHOSES


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L’AURA DES CHOSES

II

Au premier matin

après le déluge

les hommes ont touché terre

à
Manali

presque tous s’en furent suivre le reflux des eaux dans le sens de la pente dans le sens de la vie

il y en eut trois ou quatre à contre-courant pour remonter les éboulis découvrir l’impossible

l’Himalaya autrement dit

les autres vers l’aval se donnèrent l’illusion d’avoir recréé le monde

III

Feu d’ombre source noire toujours encore le creux du corps

il y a là majesté nue un désir êcorché qui tient à vif le nerf des temps

ce n’est que le secret d’un cri aveuglé comme syncope sous la bouche

fauve dans le blanc de l’instant sans foi ni leurre ni reniement

IV

Créer en pays aride éloigné de tout

seul avec le sable et cette soif qui change les lèvres en syllabes de sel

parole qui se tait

au désir absolu de boire

sa propre soif

espoir qu’une rosée de lumière devienne le don peut-être d’une déesse amoureuse silencieuse et absente

V

Un chemin quel chemin?

un espace quel espace?

le mouvement fait signe la vision s’accomplit

sursaut des songes de la matière évasion de la matière des songes

c’est un volcan de lumière qui laisse en marge sa mémoire pour être bloc de présent dans la distance abolie

l’effraction a pouvoir d’aimanter la part lyrique

VI

Un paysage quel paysage?

un horizon quel horizon?

ce sont les limbes des songes les montagnes secrètes et le ciel réunis dans les choses

l’incarnation des tourments l’incarnation des traces et des morts l’incarnation des lueurs qui ont mené les corps

de la buée sur le seuil et une haleine au loin

VII

Partir au plus pressé n’importe où

caresser des os et des dents des stèles effacées des portes vides

il y a ce silence auquel ne manque aucun mot

mais qui veut la bouche d’un voyageur égaré le souffle d’une sombre cavalière

VIII

L’Univers est son hôtel

il passe au galop devant les
Ogadins

un lion mange son cheval

lui

le piéton

l’indépendant à outrance

l’impatient solaire

lui

dans la nuit des pierres

et la colère

où l’espace est donné

où le lieu

est un cratère

sitôt brûlé

tôt impossible

et sans fin

IX

Celui-là ne chante pas pour les autres.
Ni à leur place.
Ni en leur nom.
La vie lui a été bonne fille.
Il a choisi sa route.
Peu d’obstacles.
Nulle entrave.
Il n’a pas connu la guerre.
Pas connu la faim.
Peu de souffrances.
Et des cœurs accueillants.
Le voile des choses s’est levé plusieurs fois à son approche.
Il sait l’éblouissement et les instants sublimes.
L’absence des dieux ne le tourmente guère.
Il aime le sable et le vent.
Aimera la poussière.
Ne parlera plus de lui.

André Velter

JUSTIFICATION NIHILISTE DE L’ART


JUSTIFICATION NIHILISTE DE L’ART

 

Francis Ponge

Voici ce que Sénèque m’a dit aujourd’hui :

Je suppose que le but soit l’anéantissement total du monde, de la demeure humaine, des villes et des champs, des montagnes et de la mer.

L’on pense d’abord au feu, et l’on traite les conservateurs de pompiers. On leur reproche d’éteindre le feu sacré de la destruction.

Alors, pour tenter d’annihiler leurs efforts, comme on a l’esprit absolu l’on s’en prend à leur « moyen » : on tente de mettre le feu à l’eau, à la mer.

Il faut être plus traître que cela. Il faut savoir trahir même ses propres moyens. Abandonner le feu qui n’est qu’un instrument brillant, mais contre l’eau inefficace. Entrer
benoîtement aux pompiers. Et, sous prétexte de les aider à éteindre quelque feu destructeur, tout détruire sous une catastrophe des eaux. Tout inonder.

Le but d’anéantissement sera atteint, et les pompiers noyés par eux-mêmes.

Ainsi ridiculisons les paroles par la catastrophef — l’abus simple des paroles.

 

Francis Ponge

 

Le clown blanc dévoré par le rire d’une péripatéticienne

Georges Rouault

Ce visage de cheval borgne conduisant à l’équarissage

Soutine

L’écuyère de la période rose en proie au déferlement sous Guernica

Pablo Picasso

Ô le pont que ce Cri rive

Munch

La cour relevée de miracle ou l’écrasement de l’enceinte Jeanne Hébuterne

Amédéo Modigliani

En vie de peindre la vie, la vie, la vie et l’amor à garder en étoile…

Pas, oh non pas Buffet, ni Soulages

Niala-Loisobleu – 10/08/18

EN M’AIME TANT


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EN M’AIME TANT

L’enfant d’autrefois dans le caniveau blanc d’un chemin vierge

pousse les volets

Quais trempés de lune grands ouverts sous l’arche du pont

Au jour naissant la chanson de l’arbre défroisse ses feuilles

Ta main tendue m’accorde de renaître

La toile de lin sourit de tes mots

Ma barbe bleue peint mes cheveux blancs

Niala-Loisobleu – 10 Août 2018

AUTAN OCCITAN 9


AUTAN OCCITAN 9

 

(Autan-Occitan est une série de 10 tableaux de Niala à partir desquels Barbara Auzou a écrit 10 poèmes. Il s’agit donc d’une oeuvre commune de deux auteurs indissociables.)

 

Au chemin qui serpente vers nos racines obscures,

nous opposons la fière citadelle de nos corps,

ses parfums de miel et de fruits mûrs

et le regard de l’échanson qui nous évite

connaît le prix de notre labeur,

la splendeur muette des récotes inédites.

Acclimatés au faîte de l’étonnement

et à la vierge attraction d’une terre de pierres,

nos longs cheveux défient le ciel d’une muraille éphémère.

Aux ceps des humeurs capricieuses du vent,

nous nous affairons à libérer les soleils prisonniers

entre le rameau d’hier et la sève du maintenant

et s’arc-boutant sur la fraîcheur des torrents,

nous redonnons la rondeur à la vigne et aux visages

le sucre du vivant.

 

Barbara Auzou

 

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Autan Occitan 9 – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 46×38