ENTRE TIEN EMOI 23
Le peau de soleil empêtré dans le voile d’un filet remaillé retient la vague immobile, des poissons se sont envolés peut-être avant que l’eau se fige. Du phare qui se dressait audacieusement pour défier l’aveuglement de la nuit, on ne voit plus qu’une lanterne sourde tourner sur elle-même. A mettre la décision en parenthèses. Rester où partir ? Le dilemme de l’acte de vivre. Perplexité des employés à l’embarcadère.
Quand j’avais l’âge de ne penser qu’à vivre en jouant au soldat, la guerre revenue de permission du tant de mon grand-père était en cours d’extermination collective. J’ai survécu en longeant les trottoirs d’un monde terrifié encore sous le coup de la question existentielle majeure.
Qui comprendrait que ma rage vouée à rencontrer toutes les sortes d’avanies, embuscades et trahisons a tenu un espoir indécent à manches retroussées ? Seule la folie peut justifier pareille attitude.
Et devant le long temps écoulé depuis qu’en penses-tu à présent ?
Oh qu’on ne peut pas imaginer la capacité destructrice de la combinaison de la vie avec l’homme mis dedans.
Si même le vent est ôté aux voiles comment peut-on justifier l’obstination apportée dans la construction navale, aussi terrifiant que ce soit, je suis prêt à penser que le soin mis dans l’assèchement des mers et océans n’arrêtera pas la transat. Il y aura des marins qui traverseront à pied.
Le mien de bateau a été mis en chantier par Marthe, je l’ai baptisé de sa conviction qui en méfie plus d’un.
Niala-Loisobleu – 20/08/18
Marthe
Marthe que ces vieux murs ne peuvent pas s’approprier, fontaine où se mire ma monarchie solitaire, comment pourrais-je jamais vous oublier puisque je n’ai pas à me souvenir de vous : vous êtes le présent qui s’accumule. Nous nous unirons sans avoir à nous aborder, à nous prévoir comme deux pavots font en amour une anémone géante.
Je n’entrerai pas dans votre coeur pour limiter sa mémoire. je ne retiendrai pas votre bouche pour l’empêcher de s’ouvrir sur le bleu de l’air et la soif de partir. je veux être pour vous la liberté et le vent de la vie qui passe le seuil de toujours avant que la nuit ne devienne introuvable.

Je fais silence comme on rentre dans les fondements de l’existence de l’autre…
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En architecture c’est ce qu’on nomme un contrefort.
Merci ma Barbara.
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Utile.
ça me va.
Merci mon Alain;
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LES EAUX ET LES FORÊTS
I
La clarté de ces bois en mars est irréelle, tout est encor si frais qu’à peine insiste-t-elle.
Les oiseaux ne sont pas nombreux; tout juste si, très loin, où l’aubépine éclaire les taillis, le coucou chante.
On voit scintiller des fumées qui emportent ce qu’on brûla d’unejournée, la feuille morte sert les vivantes couronnes, et suivant la leçon des plus mauvais chemins, sous les
ronces, on rejoint le nid de l’anémone, claire et commune comme l’étoile du matin.
II
Quand même je saurais le réseau de mes nerfs aussi précaire que la toile d’araignée, je n’en louerais pas moins ces merveilles de vert, ces colonnes, même choisies pour
la cognée,
et ces chevaux de bûcherons…
Ma confiance devrait s’étendre un jour à la hache, à l’éclair, si la beauté de mars n’est que l’obéissance du merle et de la violette, par temps clair.
III
Le dimanche peuple les bois d’enfants qui geignent, de femmes vieillissantes ; un garçon sur deux saigne au genou, et l’on rentre avec des mouchoirs gris, laissant de vieux papiers
près de l’étang…
Les cris s’éloignent avec la lumière.
Sous les charmes, une fille retend sa jupe à chaque alarme, l’air harassé.
Toute douceur, celle de l’air ou de l’amour, a la cruauté pour revers, tout beau dimanche a sa rançon, comme les fêtes ces taches sur les tables où le jour nous
inquiète.
IV
Toute autre inquiétude est encore futile,
je ne marcherai pas longtemps dans ces forêts,
et la parole n’est ni plus ni moins utile
que ces chatons de saule en terrain de marais :
peu importe qu’ils tombent en poussière s’ils brillent, bien d’autres marcheront dans ces bois qui mourront, peu importe que la beauté tombe pourrie, puisqu’elle semble en la totale
soumission.
Philippe Jaccottet
Mieux qu’utile…ma Barbara.
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J’aimerais j’aimerais mon Alain…
Le réseau de mes nerfs cherche le matin clair et connaît l’humilité à ne pas prétendre renouer celui des autres.Utile pour moi c’est important et bien loin de l’utilitaire qui l’a remplacé. C’est apporter quelque chose d’essentiel. Et ça me va.
Je t’embrasse fort.
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Garde-toi, sans que l’idée d’objet ne vienne se poser en placard. L’idée d’utile à ton égard dans mon esprit et surtout dans mon coeur, forge la base du faire forgé au travail de l’enclume. Un art d’être dans la non-évidence de vivre.
Je t’embrasse profond dément.
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Bonjour mon Alain…
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COUVRE-FEU
Dans le lit de la loi couche le malfaisant ;
Contre le feu mort de la loi tremble le juste.
Effrayée la bonté se cache au fond des cours,
Dans les yeux des enfants
Retournés du côté de l’enfance déjà perdue.
Une longue hésitation saisit les avenues. 0 sommeil de l’espace, qui
Nous égare à présent sur les ponts démarrés du rêve ? (Et sans cesse des profondeurs soupirent les sirènes.
Tel qui dormait près de son cœur entend
Battre par les fourrés le pas du matin qui s’approche
Et les dieux impuissants pleurer dans leur retranchement.)
Jacques Réda
Bonjour ma Barbara.
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