BU LE TEINT


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BU LE TEINT

Le drap gris tendu au plafond descend un ris d’eau sur les montants de l’armoire pas encore ouverte. Barbe Bleue, n’est pas dans les parages, je prends le droit de penser qu’entre les draps mon secret est tranquille dans son ruban rouge. Le merle n’a même pas siffler, quand à la clématite ses tiges toute en vrille sont bien raides. L’encre tien à quai, le cheval est….

Niala-Loisobleu – 21 Juillet 2018

CONTE D’UN POÈTE BARBU


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CONTE D’UN POÈTE BARBU

1

Barbu j’ai des atomes crochus avec les pluies et les étoiles, les souffrances et les fêtes de tous mes foyers d’origine.

Dans une histoire masquée ma barbe risquait d’être un palmier aveugle à vie au lieu d’un conte de fées.

Pour la barbe des poètes

il n’y a pas de commandant en chef

ni d’ayatollah cubain inspiré

ni de gestionnaire du sacré.

Mes poils gris sont des racines qui voyagent partout avec moi : je les porte, les pieds dans la boue, la tête dans la conscience émerveillée.

2

Sans la barbe je serais la proie d’un rude travail de deuil et de nostalgie ; ma barbe me tient à l’abri du panier de vipères et de crabes des exilés.

Venue de la mer caraïbe ma barbe a les pieds sur la terre et pour plaire au clair de lune il lui arrive aussi de voler.

Proche des sept femmes de l’arc-en-ciel la nuit ma barbe est phosphorescente ; pour célébrer le lotus de la femme aimée ma barbe est un imaginaire qui bande bien.

 

René Depestre

ENTRE TIEN EMOI 1


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ENTRE TIEN EMOI 1

Ce ne fut pas un montage à vendre, juste ce léger mouvement qui ne se voit que parce qu’il reste sous l’écorce. Qu’il grince rien ne presse dit le tapis s’adressant au volet bleu. Les matins nous n’avons pas envie de les mettre à la boîte, le jour trouvé à ton oreille ne lobe rien en touche, il tâte comme on veut se sentir pénétré. Il n’y a plus dans les tubes la pureté du pigment, ce qui reste du végétal recule sous l’écrasement minéral porté par la chimie des temps modernes. On pourchasse l’odeur naturelle en lui faisant honte. Les bras montent les tatouages au cou comme il y a des années on a voulu briser le secret de la beauté des murs. En les faisant parler comme des provocateurs on montre que salir et casser préoccupe davantage que construire. Le monde des hommes a toujours été horrible. A chaque époque on a toujours privilégié le mal, cette nouvelle génération extrémiste s’inscrit comme une secte nuisible. La laideur est la cinquième colonne de tous les pouvoirs, son action fourbe et hypocrite entretient l’instruction du non-savoir. Une maison animée que du regroupement des étages, amène les messes dans la rue à réclamer des églises. Dogme, tu voiles à toutes vapeurs. Le fleuve affluente comme une bonne mer. Si on lui ligature les trompes c’est pour le bluff, on dirait les paroles de haine de la chanson d’amour au top du hit-parade des tireurs de ficelles. Je reste collé à tes aisselles, les chiens qui y sont suspendus n’ont pas de laisse. Même en noir quand tu les soulages ils rient aux éclats. Puis tu sais les expositions c’est une putain d’épreuve, je me rappelle il y a de ça très longtemps quand aux Voûtes du Port j’exposais à Royan, le nombre de têtes de crevettes qui jonchait le sol, permettait de compter les visiteurs.Ce que je resang de Toi ne regarde qu’émoi.

Niala-Loisobleu – 20 Juillet 2018

MAISON DE PIERRES


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MAISON DE PIERRES

Roulant à la remontée

la montagne

soulève haut

sa jupe de campagne

Debout sur les jambages de sa longue cheminée, son intérieur crépite de bonheur; on peut accrocher le bouquet du charpentier

son poil air hisse, la barque de la voie romaine ressortie livre amphore d’huiles essentielles et vins volcaniques au grain de peau…

 

N-L  20/07/18

SANS TANNER


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SANS TANNER

 

Le cuir brut de ton velu entre à l’empreinte de ma dextre

a m’aime la peau

Autan Occitan

souffle

Nous sommes sous le porche du grand chêne, loin derrière le noyer du rivage

un projet de mariage de mots-d’écriture et de mots-peints se déplie de la grande armoire

près du bougeoir de nos rires en cascade

Ta robe est restée accrochée à la liste des commissions, je pense sans-culotte à cette révolution…

 

Niala-Loisobleu – 20 Juillet 2018

 

PEINT OCCITAN


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PEINT OCCITAN

On voit l’herbe peiner à se tenir debout, l’air est une dalle pesante, lourde, écrasante. L’ombre évanouie, la rame du vent bute aux tampons. J’ai foré une source goutte à goutte. Ces lieux d’abords inhospitaliers qui fendent la pierre de brûlure comme de froid et ensuite révèlent leur accent de cailloux pressés. Ton de pêches de vignes emportant haut vers ce qui monte. Un pont entre deux flancs que le mouton laine, la cloche des reins balançant les seins alentours à la corde des virages. Vieilles maisons unies corps à corps, un filet jusqu’au lac, la terre cuite fait mieux que la paille au chapeau des toits. Les bouquets pendent aux poutres, cette nature à écrire ce qui resserre, l’encrier d’âtre sachant tout de l’histoire du feu. Peindre cette profonde histoire d’amour dans l’écho de la plume gratteuse d’étoiles, c’est comme être au pied de l’arbre à médecine laisser les flûtes gratter la peau du tambour de son ventre.

Niala-Loisobleu – 19/07/18

LA TOILE BRUTE


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LA TOILE BRUTE

 

Alors que la chambre respirait

au terme d’un orage malvenu la boue séchait dans la douceur du soir

l’image de la fenêtre sur les peints s’est assise sur  la chaise de paille sortie au pied de la montée d’escalier

et de beaucoup d’autres moments paisibles qui ne furent à personne d’autre

Une fillette aux yeux décousus tombés sur la porcelaine d’un dessus de lit

et soudain

une odeur qui ne fut rien pour vous traîna par là

est prise au vol par cette  étrange obsession

Mortes roses d’un papier-peint sali par les nitres du conduit de cheminée, la lumière faiblit, senteur qui ne rallumera pas ce seoir avec les réverbères

Le cheval remonte lentement à l’atelier par la côte en passant le long du vieux cimetière-marin. Surréaliste il a posé la  cinquième sans attendre que la boutique d’étoile ouvre….

Niala-Loisobleu – 19 Juillet 2018

 

 

 

 

 

TISSE RANG


TISSE RANG

Les heures ont déroutées certaines tentatives. Le collet est passé si près que le chapeau tomba tout seul.

L’embarras orageux n’a mouillé que de quelques gouttes, pour l’humide revigorant la rose zoir possède son arbre à soie.

Merveille à lice, mon métier noue l’haleine en odyssée à long poil en noeud serré.

Niala-Loisobleu – 18 Juillet 2018

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