AUTAN OCCITAN 3


AUTAN OCCITAN 3

Autan-Occitan est une série de 10 tableaux de Niala à partir desquels Barbara Auzou a écrit 10 poèmes. Il s’agit donc d’une oeuvre commune de deux auteurs indissociables

 

Au ciste buissonnant

Et à son étamine jaune

S’offrant au vent d’Autan

J’ai cherché ta présence

Dans la transhumance

Des étés atones

Mesurant le pas et le degré

Dans des sous bois

De chênes verts que rien n’étonne

Et dans d’immenses registres de reliefs

Qui laissaient le pied sec de ton absence

Sur la pinède heurtée.

Martelant la pierre

De la circulade amère à Gruissan

J’ai pansé la blessure dans les  bras du courant

Et l’ai jetée dans l’Ayrolle et le Campignol

Comme une enfance de cailloux se réécrivant

Pour renaître cri dans l’étang de Grazel

Pour renaître femme à la poussière ocre

D’un fief que tout affole.

Barbara Auzou

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Autan Occitan 3 – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 46×38

ENTRE TIEN EMOI 7


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ENTRE TIEN EMOI 7

 

Palissade vêtue de quelques séquences en déchirures soulevées, tant soit peu par l’évent, le terrain vague écluse en désordre des morceaux amputés, bouts de vert, de ficelle, file de fer, et chants d’elle, bouchons hétéroclites, qui n’ont pas sombré totalement hors du temps. Miss Remington, règne de beauté de nos années folles, cliquète comme un déjeuner d’insectes au resto du coeur. Entre ses dents serrées, des filets à la traine, récupèrent sans trier, des vieux clous rouillés pour revisser les roues dentelées de la bicyclette à Chronos. A contretemps, mais tout n’est qu’apparence, elle sonne midi à quatorze heures.Déréglage oxygène de l’air tété. A vue de nez il est passé dix heurts sous les selles des usagers du métropolitain. Le matin c’est eau de toilette-saucisson à l’ail, le soir c’est péremption-crevette-vents-d’anges-tardives. Entre un sommier défoncé, et un frigo terrassé de canicule, combien de mots couverts ont maquillé la réalité.

Quand le soleil est fauché, les plumes glanent dans les éteules le regain.

Pour un art poétique

Prenez un mot prenez en deux

faites les cuir’ comme des oeufs

prenez un petit bout de sens

puis un grand morceau d’innocence

faites chauffer à petit feu

au petit feu de la technique

versez la sauce énigmatique

saupoudrez de quelques étoiles

poivrez et mettez les voiles

Où voulez vous donc en venir ?

A écrire

Vraiment ? A écrire ?

Raymond Queneau

T’as d’beaux yeux disait Gabin à l’Arletty sur le canal St-Martin.

Pendant que sous eux, une maladie d’amour flottait en corps entre vivre ou mourir. Hésitant entre deux eaux.La vie c’est le bon côté pile et la garce en face.C’est pour ça que furent inventés les poètes. Avec leur boîte de peinture, leurs crayons de couleurs, ils jettent l’ancre au large des écueils. Navigateurs des hauts sommets, escaladeurs des abysses, ils nient que noir c’est noir. Césaire de la négritude traversent le pis, déchirent l’esclavage. Sans désarmer, opiniâtres chercheurs d’espoir. Lucidement naïfs. Sans passage obligé sous les drapeaux et les bannières, des marchands du temple, des si-vous-m’Elysées-j’vous-f’ré-la-cuisine-au-beurre demain on rase gratis, et alors c’est mieux qu’attendre l’Arlésienne tous les jours de la s’maine. Demain c’est l’àvenir.

Tiens ça m’fait penser que je vais aller derrière la palissade, sur mes fortifs, jouer à taper dans une vieille gamelle, une chute de rin-de-rin, un accroc disiaque, une panne de secteur, un nez boulis de show-d’pisse, une vérole de Roméo, une Juliette de rues tabaga t’soin t’soin, un coche marre qui trottine cahin-caha, une pro messe électorale aux seins sièges de Dame Pipi, les os usés, l’échine oiseuses, les allumeuses des ternités.

A l’eau mon Coeur, j’ai placé la Remington chez ma Tante, ouvre-moi t’apporte, que je me baigne d’encre terre et ciel, plume au chat peau. J’ai de l’amour plein mon verger, donne ton panier, nous sommes à flancs de montagne, du feu dans nos cheminées occitanes à se retendre le ventre de peau souple,

Niala-Loisobleu – 27 Juillet 2018

ENTRE TIEN EMOI 6


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ENTRE TIEN EMOI 6

-Où sommes-nous lui dit-il le revolver sur les bourses ?

-Au coin du bandit

-Ah le grand chemin ?

La carte sur la table a grand peine à se déplier, déjà pour sortir du tiroir ça pas été sans problèmes, avec cette chaleur de début de fin du monde tout est écrasé menu, absent comme un citoyen aux urnes, incapable de pas se laisser tondre. On est dans la merde à croire qu’en canicule on s’attrape pas la gastro-nomique platée du rade qui respecte rien de la réglementation en vigueur. Les restes recongelés, un truc de garde du corps qui défaille de la grosse bêtise comme y disent dans le chiotte présidentiel. A-ton idée aussi d’y loger la République, ce château de loir hiverne l’intérêt public.

Paradoxe total

Mais TOI dis-moi des choses qui me courront la côte de la hanche droite à la fesse gauche, sans oublier le centre à l’arête engagée, ce qui en surprendra plus d’un, pensez qu’à son âge il se dresse encore comme un jeunot à vouloir refaire le monde, un libertaire répond-il, je suis, c’est mieux qu’un libertin qui ne pense qu’à prendre du plaisir dans le stupre et factions extrêmistes.

La veille de cette journée soit avant le lent demain je m’étirais un coup hors du sable.

Le risque qu’on peut prendre en s’engageant ça pourrait expliquer la prudence de la plus grande majorité. Mais voilà ça m’a pris au début, de vouloir exister. J’tiens ça de Marthe, une grand-mère comme on en retrouvera nulle part. La chaleur fait fondre le peu de résistance qui demeurait. Je vais dans la chambre du fond, derrière la porte de l’indifférence, serre-moi de toute ta bouche, ton oxygène me tient pur. Je crierais fort quand tout va partir, faut que je pleure pour me défaire.

Niala-Loisobleu – 27 Juillet 2018

AUTAN OCCITAN 2


AUTAN OCCITAN 2

 

C’est seulement maintenant que l’heure sanguine abdique

entraînant sous sa jupe humide l’odeur lourde

des menthes écrasées d’insectes

que le vent sournois balayait encore tout à l’heure

et la terre qui s’était rêvée sable redevient terre

pour le marcheur emprunté rêvant de garrigues

sous les sarcasmes de la pierre froide statue

chimère de son invariable désir de s’ancrer là

C’est dans un fracas de mots perdus

que l’heure sanguine se disloque

étalant un baume de silence inquiétant

sur les morsures du sel et du vent

promesse rauque d’un lendemain de chaleur

où la vipère attend.

 

Barbara Auzou

 

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Autan Occitan 2 – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 46×38

ENTRE TIEN EMOI 5


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ENTRE TIEN EMOI 5

Les pierres m’on dit que je t’ai

mais pour en prendre toute la saveur j’ai marché derrière  la colline vers le bouquet de menthe,

un répit dans la chaleur puis l’arrosage vespéral , en ont remonté le parfum hors sol.

Ce plomb arrive à écraser le vol du papillon. Il faut tremper le bleu pour qu’il puisse profiter des cigales.

N-L – 25/07/18

QU’A TARD TÔT VIENNE


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QU’A TARD TÔT VIENNE

 

 

L’embrun refuse l’incarcération

les longs couloirs sans crête et sans coques

ce rai du jour d’un cul de base fausse que la feuillée ignore

A croupis

un saumâtre de vapeurs de soufre brûlant la poche de poitrine

pas plus qu’à genoux

voulons aimer bouches râpées

Non-émasculés des ocres sans gains nés des mots et des peints

serment gravé à l’âme qui ricoche de pierre en pierre sans gerçures

au pentu de la maison d’Autan Occitan tenue d’un chêne libre de fugue

 

Niala-Loisobleu – 25 Juillet 2018

 

ENTRE TIEN EMOI 4


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ENTRE TIEN EMOI 4

Quelqu’un a du prendre le bon soir,

ne l’ayant pas vu passé je gage que le bon jour voulait être le seul à paraître.

Le trouble du ciel garde la réponse comme si . En tous cas la montagne est à sa place, le chassé-croisé touristique chahute bien des manières naturelles, elle tient sur sa fondation. Une maison clignote, étoile du berger, le fond de la pierre résonne sans se faire la voix cigale. Le marchand de chichis pousse sa remorque sur le sable, l’écriture de son sillage est aussitôt reprise par le buvard de la moindre importance. La penée partagée n’a nul besoin des tentatives de détournement pour se remettre en cause. La maison latine au pot de complices sent l’arnaque d’une affirmation à la Poutne. L’époque accapare le sentiment sincère pour l’appétit de pouvoir, je peins quelque chose qui n’a pas cette prétention. Certains peuvent s’y reconnaître, beaucoup passent dessus comme un véhicule aveugle. Il en reste une vérité qu’on peut être seul à connaitre, elle a la force de l’idée créative et rien de l’effet secondaire de l’ignorance.

Niakla-Loisobleu – 25 Juillet 2018

L’INVERSE


Cette pierre dans ma fenêtre troue à travers. Rien ne semble et pourtant la voie mue comme un glissement qui abandonne sa peau d’hier.

Ces crissements de frein accélèrent.

J’ai mouillé mon doigt pour trouver dans quel sens le fil à plomb métronome.

N-L – 24/07/18

ENTRE TIEN EMOI 3


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ENTRE TIEN EMOI 3

 

Pas pu plonger dans la piscine, le lit à faire, les choses à ranger et j’ai failli me couper dans la serrure, les maux-clés sont étrangement définissables. Avant que le jour se dresse, les nuits se rallongent c’est devenu net, j’ai croisé une personne dans la chambre, somnambule à coup sûr on s’a pas dit bonjour, faut dire que je promenais un rêve qui n’était pas fini et que je poursuivais. Vu l’heure ça pouvait pas être les cigales, on se s’rait cru à la mi-août , chat remuait comme des cris félins. Je Beethoven ce matin, pas martial ni pro euro, mais je fais ma neuvième quand m’aime, un hymne à l’amour aussi, le mien, plus modeste et tout aussi sourd, de ce côté là le temps présent aurait plutôt tendance à s’aggraver.

Niala-Loisobleu – 24 Juillet 2018