Encore


La nature de l’instant matinal est comme l’enfant qui dort et la mer qui n’a rien arrêté de son mouvement de berceuse. Un sourire à rassurer cette peur inexplicable qui marche collée au flanc de ce qui protège.

Quelques minutes avant l’assaut dans l’insolite de l’amoureux recevant son baiser dans la tranchée. Les fleurs en profitent pour se dépeigner la tige et les pierres sèches de la maison se baignent les poumons dans les traces de rosée.

N-L – 13/07/18

11 réflexions sur “Encore

  1. LE BEL ÉTÉ
    Le feu hantait nos jours et les accomplissait,
    Son fer blessait le temps à chaque aube plus grise,
    Le vent heurtait la mort sur le toit de nos chambres,
    Le froid ne cessait pas d’environner nos cœurs.
    Ce fut un bel été, fade, brisant et sombre,
    Tu aimas la douceur de la pluie en été
    Et tu aimas la mort qui dominait l’été
    Du pavillon tremblant de ses ailes de cendre.
    Cette année-là, tu vins à presque distinguer
    Un signe toujours noir devant tes yeux porté
    Par les pierres, les vents, les eaux et les feuillages.
    Ainsi le soc déjà mordait la terre meuble
    Et ton orgueil aima cette lumière neuve,
    L’ivresse d’avoir peur sur la terre d’été.
    Souvent dans le silence d’un ravin
    J’entends (ou je désire entendre, je ne sais)
    Un corps tomber parmi des branches. Longue et lente
    Est cette chute aveugle; que nul cri
    Ne vient jamais interrompre ou finir.
    Je pense alors aux processions de la lumière
    Dans le pays sans naître ni mourir.

    Yves Bonnefoy, Hier régnant désert

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