L’UN VAINQUEUR OU L’AUTRE BATTU
L’un vainqueur ou l’autre battu,
Ces beaux soldats qui vous ont faite
Gardaient jusque dans la défaite
Le sourire de leur vertu.
Vous, pour avoir rendu les armes,
Je vous trouve fondue en larmes
Et qui m’insultez entre tant.
Que si l’on doit, toute sa vie,
Déplorer l’éclair d’un instant,
Mieux vaut coucher sur son envie.
Paul-Jean Toulet – Extrait de Dixains

Vieille garrigue des vents.Vieille roche susceptible.Naguère, mûriers et lavandes.Jadis chaussée de géants.Table nue, ce matin, écriture déchiquetée.
Jacques Dupin.
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La pierre ne brûle m’aime par mauvais vent, ses mots demeurent gravés.
N-L
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La pierre garde la mémoire de l’amour…
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PAQUEBOT
L’Atlantique est là qui, de toutes parts, s’est généralisé depuis quinze jours, avec son sel et son odeur vieille comme le monde, qui couve, marque les choses du bord,
s’allonge dans la chambre de chauffe, rôde dans
la soute au charbon, enveloppe ce bruit de forge, s’annexe sa flamme
si terrestre, entre dans toutes les cabines,
monte au fumoir, se mêlant aux jeux de cartes, se faufilant entre chaque carte, si bien que tout le navire, et même les lettres qui sont dans les enveloppes
cinq fois cachetées de rouge au fond des sacs
postaux, tout baigne dans une buée, dans une confirmation
marine, comme ce petit oiseau des îles dans sa cage des îles.
La voici la face de l’Atlantique dans cette grande pièce carrée si fière de ses angles en pleine mer,
ce salon où tout feint l’aplomb et l’air solidement attaché
de graves meubles sur le continent,
mais souffre d’un tremblement maritime
ou d’une quiétude suspecte,
même la lourde cheminée avec ses fausses bûches
éclairées à l’électricité qui joue la cheminée de château assise en terre depuis
des siècles.
Que prétend ce calendrier, fixé, encadré, et qui sévèrement annonce samedi 17 juillet,
ce journal acheté à la dernière escale et qui donne des nouvelles des peuples,
ce vieux billet de tramway retrouvé dans ma poche et qui me propose de renouer avec la
Ville?
Que témoignent toutes ces têtes autour de moi,
tous ces agglomérés humains, qui vont et viennent sur le pont de bois rnbuvant
entre ciel et vagues, promenant leur bilan mortel,
leurs chansons qui font ici des couacs aigrelets, et prétendent qu’il faudrait à cette mer qui prend
toujours et se refuse, quelques cubes en pierre de taille avec fenêtres et
pots de géranium, un coteau dominé par la gare d’un funiculaire et
un drapeau tandis que sur le côté,
des recrues marcheraient une, deux, une, deux, sur un terrain de manœuvre.
Mais sait-elle même qu’il existe l’homme qui fume ces cigares
accoudé au bastingage,
le sait-elle, la mer, cette aveugle de naissance, qui n’a pas compris encore ce que c’est qu’un noyé et le tourne et le retourne sous ses interrogations?
Jules Supervielle
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La mer se moque bien de la souffrance des hommes mon Alain…
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Elle en connaît une forme venue de leur part et a fini par en discerner le noir dont ses marées souffrent, suffisamment lucide pour laver l’impression et garder le refuge…
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Si elle engloutit ses enfants, que ce soit main dans la main et consentants, les yeux souriants…
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Mon RÊVE récurrent où suivant la pente douce d’un infini sourire l’eau lie nos mains…
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Le débit de l’eau étant doux là où violente le débit du laid…
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Les débits lites ont de la paille, la vertu du chalumeau dans l’œil…
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