La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles.
Vivre naïvement de sorbes et de nèfles,
Gratter de la spatule une écuelle en bois,
Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix
Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes,
Des fromages caillés couverts de sarriettes.
Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel,
Prodiguer des baisers sagement sensuels
Ayant le goût du miel et des roses ouvertes
Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes
À l’ami que bien seule on possède en secret.
Ensemble recueillir le nombre des forêts,
Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe,
Courir dans l’infini sans entendre la tourbe
Bruire étrangement sous la vie et la mort,
Ignorer le désir qui ronge en vain son mors,
La stérile pudeur et le tourment des gloses ;
Se tenir embrassés sur le néant des choses
Sans souci d’être grands ni de se définir,
Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir
Et toujours conservant le rythme et la mesure
Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre.
Voir sans l’interroger s’écouler son destin,
Accepter les chardons s’il en pousse en chemin,
Croire que le fatal a décidé la pente
Et faire simplement son devoir d’eau courante.
Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a,
Repousser le rayon que l’orgueil butina,
N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles,
Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille,
Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau,
Croire que tout est bon parce que tout est beau,
Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie
Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.
Etendu la tête au ventre, j’ai rêvé, mille et une nuits où seul ton visage se montrait d’un jour autre, quelles senteurs cet été porte en lui, son premier drap a étreint mon dos pour en jeter la douleur loin de tes vallons…
Pour toi ma Barbara…
Beauté, dans ce vallon
Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue
Et que ta chevelure alentour répandue
S’allonge sur la mousse en onduleux rameaux ;
Que l’immatérielle et pure voix de l’eau,
Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure,
Module doucement ta plainte intérieure.
Une souple lumière à travers les bouleaux
Veloute ta blancheur d’une ombre claire et molle ;
Grêle, un rameau retombe et touche ton épaule
Dans le fin mouvement des arbres où l’oiseau
Voit la lune glisser sous la pâleur de l’eau,
Ô silence et fraîcheur de la verte atmosphère
Qui semble dans son calme envelopper la terre
Et t’endormir au sein d’un limpide univers,
Ô silence et fraîcheur où tes yeux sont ouverts
Pour suivre longuement ta muette pensée
Sur l’eau, dans le feuillage et dans l’ombre bercée.
Immortelle beauté,
Pensée harmonieuse embrassant la nature,
Endors sereinement ton rêve et ton murmure
Au-dessus des clameurs lointaines des cités.
Le monde à ton regard s’efface et se balance
Autour de ces bouleaux pleureurs
Et l’hymne de ton âme infiniment s’élance
Dans l’insaisissable rumeur.
Vallon, pelouse, silence
Où l’ombre vient s’allonger ;
Une pâle lueur danse
Et de son voile léger
Effleure ta forme claire
Sur qui rêvent les rameaux
Et le mouvement de l’eau
Paisible entre les fougères.
Voeux simples
Cécile Sauvage
Vivre du vert des prés et du bleu des collines,
Des arbres racineux qui grimpent aux ravines,
Des ruisseaux éblouis de l’argent des poissons ;
Vivre du cliquetis allègre des moissons,
Du clair halètement des sources remuées,
Des matins de printemps qui soufflent leurs buées,
Des octobres semeurs de feuilles et de fruits
Et de l’enchantement lunaire au long des nuits
Que disent les crapauds sonores dans les trèfles.
Vivre naïvement de sorbes et de nèfles,
Gratter de la spatule une écuelle en bois,
Avoir les doigts amers ayant gaulé des noix
Et voir, ronds et crémeux, sur l’émail des assiettes,
Des fromages caillés couverts de sarriettes.
Ne rien savoir du monde où l’amour est cruel,
Prodiguer des baisers sagement sensuels
Ayant le goût du miel et des roses ouvertes
Ou d’une aigre douceur comme les prunes vertes
À l’ami que bien seule on possède en secret.
Ensemble recueillir le nombre des forêts,
Caresser dans son or brumeux l’horizon courbe,
Courir dans l’infini sans entendre la tourbe
Bruire étrangement sous la vie et la mort,
Ignorer le désir qui ronge en vain son mors,
La stérile pudeur et le tourment des gloses ;
Se tenir embrassés sur le néant des choses
Sans souci d’être grands ni de se définir,
Ne prendre de soleil que ce qu’on peut tenir
Et toujours conservant le rythme et la mesure
Vers l’accomplissement marcher d’une âme sûre.
Voir sans l’interroger s’écouler son destin,
Accepter les chardons s’il en pousse en chemin,
Croire que le fatal a décidé la pente
Et faire simplement son devoir d’eau courante.
Ah ! vivre ainsi, donner seulement ce qu’on a,
Repousser le rayon que l’orgueil butina,
N’avoir que robe en lin et chapelet de feuilles,
Mais jouir en son plein de la figue qu’on cueille,
Avoir comme une nonne un sentiment d’oiseau,
Croire que tout est bon parce que tout est beau,
Semer l’hysope franche et n’aimer que sa joie
Parmi l’agneau de laine et la chèvre de soie.
Cécile Sauvage, Tandis que la terre tourne
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Que pourrais-je ajouter ? C’est sautillant comme le t’ô rend…
Merci ma Barbara.
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Pour toi mon Alain…
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Etendu la tête au ventre, j’ai rêvé, mille et une nuits où seul ton visage se montrait d’un jour autre, quelles senteurs cet été porte en lui, son premier drap a étreint mon dos pour en jeter la douleur loin de tes vallons…
Pour toi ma Barbara…
Beauté, dans ce vallon
Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue
Et que ta chevelure alentour répandue
S’allonge sur la mousse en onduleux rameaux ;
Que l’immatérielle et pure voix de l’eau,
Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure,
Module doucement ta plainte intérieure.
Une souple lumière à travers les bouleaux
Veloute ta blancheur d’une ombre claire et molle ;
Grêle, un rameau retombe et touche ton épaule
Dans le fin mouvement des arbres où l’oiseau
Voit la lune glisser sous la pâleur de l’eau,
Ô silence et fraîcheur de la verte atmosphère
Qui semble dans son calme envelopper la terre
Et t’endormir au sein d’un limpide univers,
Ô silence et fraîcheur où tes yeux sont ouverts
Pour suivre longuement ta muette pensée
Sur l’eau, dans le feuillage et dans l’ombre bercée.
Immortelle beauté,
Pensée harmonieuse embrassant la nature,
Endors sereinement ton rêve et ton murmure
Au-dessus des clameurs lointaines des cités.
Le monde à ton regard s’efface et se balance
Autour de ces bouleaux pleureurs
Et l’hymne de ton âme infiniment s’élance
Dans l’insaisissable rumeur.
Vallon, pelouse, silence
Où l’ombre vient s’allonger ;
Une pâle lueur danse
Et de son voile léger
Effleure ta forme claire
Sur qui rêvent les rameaux
Et le mouvement de l’eau
Paisible entre les fougères.
Cécile Sauvage, Le Vallon
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Un baiser d’herbe fraîchement coupée pour te remercier…
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