
LES PONTS
| Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives chargées de dômes s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent, et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes publics ? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. – Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
Arthur Rimbaud
(Les Illuminations) |
La trace est indélébile, ancrée calligramme au poinçon, nielle alors
quand la main habile incruste les ors dans les ivoires et les y voir dans l’hors
le bois de rose devient plus noir que les bennes à ordures.
Une jolie fleur dans une peau d’vache, pétale la chanson de Tonton Georges
toute barbelée de cheval de frise
le mirador tirant sans sommation.
Effet d’alcool le souvenir sort du journal intime les nuits blanches avec leurs mots rouge-gorge, la couleur des draps se replie sous les voûtes, il faut rester neutre on pourrait nous voir la serrure est grande ouverte et l’échelle du lit tend à l’accru. Que vois-je, ce beau chapeau, c’est l’heure de la messe. Tires-moi plus profond et godille, la barque est là, le nautonier pas encore arrivé, tu m’as plus vivante que le corps-mort auquel elle est amarrée. Les saules pleurent, leurs cheveux noués aux requins par les ailerons, à quai l’éternel cocu regarde sa montre, le drapeau sous l’aisselle, il avale le petit pois du sifflet et tombe sur la voie au moment où le train s’ébranle.
Et les garde-fous, comme les parapluies, les petits articles des contrats d’assurance, les défenses de, les passages interdits et les gens d’armes, continuent de faire semblant d’être honnêtes. Les fausses-identités, les faux-profils, le faux-bois, le faux-marbre, les faux-saints, les faux-culs, jurent sur la tête de leur mer d’eux…
Soupirs canal d’une prison, neuf comme un camion, mirabeau la bouteille d’alcools à l’amer, des arts le cœur cadenassé, rialto aux flots rances, golden gate sans francis and co, que de tabliers sur piles envoûtants, là où l’homme passe l’eau tarie fait son jeu de dupes de pont-à-mousson illuminant l’ô glauque des belles bleues de ses artifices
Et sans m’arrêter je culotte ma pipe…
Niala-Loisobleu – 20 Juin 2018
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