I
Ne trouve pas ton destin dans ta poche
C’est toujours ailleurs qu’il faut chercher son lieu
II
En moi quelque chose du furet
Ne se solidarise pas
La migraine double le poids de mon casque
Mon vrai bataillon est une futaie lancéolée
Et la bataille — soleil sous le couvert — aveugle
Celui à qui les nuits polaires sont familières
Les dés ont été mal jetés dans nos tètes
La locomotive sur laquelle je travaille
Ne me fait pas avancer
Les flammes la fumée des hauts fourneaux
Remplissent mes reins de colère
Je suis raidi par l’Ophélie de la guerre
Mais je tape toujours à côté
III
«
Vous — là-bas — devant la table rouge «
Idiot
«
Ne voyez-vous pas que vous mitraillez «
Les trois tilleuls du fond ? »
Non
Je suis jeté fourbu hors du peloton
Mes guêtres sont mal attachées
Les boutons d’or irisent une seconde mes sourcils
Je halète
Le chef de file me tourne le dos
S’enfonce dans l’ombre bleue des premiers sapins
Et me laisse intact — ahuri
Au centre oublié de la lumière
Il m’est arrivé ainsi de tuer des oiseaux
Que des soldats ont ensuite mangé sur mon dos
IV
Je ne me suis pas encore délivré
Du parfum prophétique de ces journées
J’ai pourtant traversé des sous-bois
Illuminés
Croisé bien des visages porteurs
De pays où je n’irai jamais
Soir et matin engrenés
Aux avant-postes de la terre
Encore des antennes
Encore des cris
Et plus loin surtout — des ultra-signes…
CE JOUR EN LENTS BEAUX
Si l’on savait quoi devient la position du tournesol dès qu’on tournera les talons, on reviendrait sur l’idée que la lumière est une question de bon axe. Vas te faire foutre tu plantes ton clou sans que le moindre grain d’ombre retienne ta pointe et à peine tu pars que le pivot se fait bouffer la droiture par la rouille. J’ai assez de dire que ma tête est pas à claques, si je faisais ce qu’il faut, j’dis pas, mais me prendre une mandale en plein sourire et dès le matin, non, ça me fout colère. Dommage que mon refus entraîne des dégâts collatéraux car je ne vise toujours que les coupables, pas les innocents. Oh ça bouille et il serait bon de savoir que ne mâchant jamais mes mots si je prends quelqu’un dans le viseur je rate pas de cible. Seulement j’ai pas la rancune, j’ai réglé, le compte est soldé. Alors pour la partie sale je ne connais qu’une toilette qui m’aille. J’ai peint. La laideur la voilà je l’ai gerbé sur la toile…
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