L’AVEUGLE
C’était un jour de foire et les jeux de massacre
Retentissaient du rire et des cris des passants
Dans l’eau de l’océan les mines englouties
Recelaient des échos en place de trésors
Les ouvriers lâchant le manche des outils
Incendiaient les forêts et la nouvelle aurore
Répandue à grands flots se brisait aux murailles
La terre tressaillait à l’appel des volcans
Les sorciers découvraient dans le corps des volailles
Le mirage du ciel et d’impurs talismans
Chaque nuit éclairée par les aérolithes
Se déchirait sinistre avec un bruit d’accroc
Et les loups en hurlant surgissaient de leurs gîtes
Pour sceller les cailloux des marques de leurs crocs
Sans souci j’ai suivi le chemin de l’aveugle
Ses pieds trébuchaient sur les dalles des perrons
Mais ses doigts décbiflraient les mufles et les gueules
Des fauves effrayés par le bruit des clairons
Sa bouche ne savait ni chanson ni prière
Ses seins qu’avaient mordus d’anonymes amants
Saillaient sous le corsage et sous ses deux paupières
Deux miroirs reflétaient son attendrissement
Il fleurissait dans l’ombre en roses phospboriques
Dans un parc de granit de flamme et de métal
Où jamais le refrain grotesque des cantiques
Ne troubla le silence immobile et fatal
Je n’oublierai jamais le docteur imbécile
Qui l’ayant délivrée des nuits de cécité
Mourut en attendant avec un cœur tranquille
Qu’un archange joufflu vînt l’en féliciter
Mais avant d’évoquer au fond de ses prunelles
Un paysage absurde avec ses monuments
Le fer heurtant le fer en crachats d’étincelles
Et les menteurs levant la main pour les serments
Soyez bénis dit-elle au granit de son rêve
Soyez bénis dit-elle aux reflets des cristaux
Le voyage à bon port en cet instant s’achève
Au pied du sémaphore à l’ombre des signaux
Mais aujourd’hui n’est pas mon jour de délivrance
Ce n’est pas moi qu’on rend aux soirs et aux maria
Le rêve prisonnier de mon esprit s’élance
Comme un beau patineur chaussé de ses patins
La terre connaîtra mes cités ténébreuses
Mes spectres minéraux mon cœur sans dimension
Les lilas effeuillés la mort des tubéreuses
La danse que
Don
Juan et moi-même dansions
Que tous ferment les yeux au temps où mes
s’ouvrent
S’il n’est pas tout à moi que me fait l’univers
Avec ses
Wesminsters ses
Kjremlins et ses
Louvres
Que m’importe l’amour si mon amant voit clair
Et ce soir célébrant notre mariage atroce
Je plongerai l’acier dans ses yeux adorés
Que mon premier baiser soit un baiser féroce
Et puis je guiderai ses pas mal assurés
Je finirai ma vie en veillant sur sa vie
Je le protégerai des maux et des dangers
Je couvrirai son corps contre l’intempérie
Et je prendrai la lettre aux mains du messager
Je lirai l’heure ardente au cadran de l’horloge
J’aurai pour lui des soins hideux et maternels
Je serai l’infirmière à qui vont les éloges
La maîtresse impérieuse aux ordres sans appel
Le soir qu’éclaboussaient les étoiles filantes
Se déplia comme un serpent sur les pays
Chaque fleur à son tour a fleuri sur les plantes
Et puis voici la mort qui n’a jamais failli
Lits éventrés nuit éternelle éclair des crimes
Incendie allumé dans la maison des fous
Vois venir l’amour du fin fond des abîmes
Vois venir l’amour lampes éteignez-vous!
Robert Desnos
La tripe de l’éventré poursuivant aveuglement son mirage remuait comme si de rien n’était à côté du cadavre
Que faut-il choisir de mieux pour se rayer de la liste du ressenti et devenir un trublion du like qui tue ?
N-L – 28/02/18

L’amour la poésie, la sagesse aussi
J’aimeAimé par 1 personne
Evidemment c’est de la tripe…
J’aimeAimé par 1 personne
Merci dilip pour ton passage
J’aimeJ’aime
La tripe c’est pas à la mode de quand, c’est tous les jours…
Merci lesfaitsplumes.
J’aimeJ’aime