De Maintenant


De Maintenant

par Edouard Glissant
 

Les murs ont de la peine à se tenir debout
Au long de cette rue
Qui monte et tourne.

On dirait qu’ils sont tous venus, ceux du quartier,
Essuyer leurs mains grasses au rebord des fenêtres
Avant de pénétrer ensemble dans la fête
Où croyait s’accomplir leur destin.

On voit un train peiner au-dessus de la rue,
On voit des lampes qui s’allument,
On voit des chambres sans espace.

Parfois un enfant pleure
Vers l’avenir.

ÉTÉ

La femme enceinte attendait sur le seuil
Dans l’air de la récolte.

Tant de bonté mûrissait

Dans les pommes et tant de force

Dans le bois de la porte et dans l’eau de la mare

Abandonnait la lutte.

La petite fille avait déjà
Ses beaux yeux pour plus tard,
Au pied du lit où furent les morts
Dans des draps blancs.

Cependant, l’épervier
N’interrogeait pas son destin.

Les étoiles d’un feu d’artifice de passage vont rentrer dans l’armoire. Voilà le défilé, les cérémonies, la comédie – tout au moins celle des commémorations,  est terminée pour un temps, va falloir remplir avec autre chose – l’orgueilleux Petit-Chef va finir par devoir se mettre vraiment à l’ouvrage et quitter cette scène de théâtre. On ne peut pas avoir indéfiniment cette veine de circonstances favorables. Les élections bidonnées par l’épouvantail de la Marine, le Panthéon, le Ricain, les partis en débandade, jusqu’au Vel-d’Hiv….vraiment ça fait qui déborde (en Général). La République va finir par regarder du côté des comptes à rendre. Petite-fille ton premier bal, coûte cher. C’est pas un jeu. La trêve des grandes vacances a toujours un amour d’été sur la plage qui perd sa culotte à la rentrée. Place Cigale, un p’tit jet d’ô…comme dit la chanson…
Niala-Loisobleu – 17 Juillet 2017
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Nous Les Poètes


Nous Les Poètes

Nous ne sommes que bons à rien de ce et ceux ne connaissant que main_mise sur ce qui manifeste son souffle. Poussant de la tête et des membres l’amputant. Une morsure au coeur par chaque pouvoir qui enferme l’illimité de l’espoir. La race humaine n’a de sens qu’à la verticale, zénith solaire du bleu eSpace. Toi l’imposteur t’étant fait un trône de la liberté, nous te renversons quel que soient tes moyens de nous combattre. Faire des horizons sur une ligne brisée, du vert dans le brûlé, du clair dans le sombre, de l’amour dans la haine, comme de l’air sur des fausses notes, c’est ton obsession égocentrique, pas notre chemin dans l’infinité des possibles.

Niala-Loisobleu – 16 Juillet 2017

Mes frères,
couplés au bœuf décharné, nos poèmes
doivent pouvoir labourer la terre,
pénétrer jusqu’au genou
dans les marais des rizières,
poser toutes les questions,
rassembler toutes les lumières.
Telles des bornes kilométriques, nos poèmes
doivent distinguer avant tout le monde
l’ennemi qui approche,
battre le tam-tam dans la jungle.
Et jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur terre
un seul pays captif, un seul prisonnier,
ni dans le ciel, un seul nuage atomisé,
tout ce qu’ils possèdent,
leur intelligence et leur pensée, toute leur vie,
pour la grande liberté, nos poèmes.
*
*
*
DON QUICHOTTE

“Le chevalier de l’éternelle jeunesse
Suivit, vers la cinquantaine,
La raison qui battait dans son coeur.
Il partit un beau matin de juillet
Pour conquérir le beau, le vrai et le juste.
Devant lui c’était le monde
Avec ses géants absurdes et abjects
Et sous lui c’était la Rossinante
Triste et héroïque.

Je sais,
Une fois qu’on tombe dans cette passion
Et qu’on a un coeur d’un poids respectable
Il n’y a rien à faire, mon Don Quichotte, rien à faire,
Il faut se battre avec les moulins à vent.

Tu as raison,
Dulcinée est la plus belle femme du monde,
Bien sûr qu’il fallait crier cela
à la figure des petits marchands de rien du tout,
Bien sûr qu’ils devaient se jeter sur toi
Et te rouer de coups,
Mais tu es l’invincible chevalier de la soif
Tu continueras à vivre comme une flamme
Dans ta lourde coquille de fer
Et Dulcinée sera chaque jour plus belle.”

.NAZIM HIKMET

.

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Oeuvre André Masson

*

Des Restes


 

Des Restes

par Edouard Glissant
 

Le tournesol est dénudé,
Ma fille aimée.

Regarde encore : ce n’est qu’un mort
Qui fut brûlé

Par feu plus fort
Que la santé,

Par plus de feu
Qu’il n’eut d’amour

De vous les filles, de vous les prés,
Du tout dernier d’entre les prés.

C’est un sur mille, un tournesol
De maltraité.

Mais tous les mille, tous les milliers,
Les tournesols de tous les prés

Y ont passé, ma fille aimée,

Y ont brûlé.

 

Le chemin laitier passe sans entrain, les vaches en ont assez de ne voir que des voyages ratés. Au beau milieu de l’été la déchetterie prend déjà des amours avant qu’ils soient commencés. Sur la muraille de Chine maintenant que le Nobel est mort, on colmate la censure. La jeunesse pourrait avoir des insolences de fuite inadmissible. Ailleurs, comme ici, en France, on continuera à ne regarder qu’à côté du défilé, le prestige de l’uniforme. Le bateau est gonflé, prêt pour allumer le feu m’a dit le disc jockey en tirant sur sa pompe à fumée. En général, une exception fait la règle. Le patron de la Grande Muette en a gros sur le râle du Chef. Je n’ai pas su comment ses cuisses avaient la couleur du pain, il m’a juste semblé que le pain n’avait pas la couleur du blé, Je parle de la céréale, parce que pour celle du fric il puait à plein né. Qui se souvient du symbole du pain ? Avec l’eau et le sel, on en sortait une profonde réflexion du fond du cabinet  de sa conscience. Mais sauf con, science c’est juste bon pour la ramener dans un jeu télévisé imitant un semblant de connaissances. J’ai crevé la poupée gonflable qui se faisait tirer comme une saucisse au-dessus de ma cabane. Je veux pas de pub écrite sur mon ciel , même tirée par la ficelle d’un aéroplane.. ça noircit la crête des vagues en filant des allergies aux poissons-volants. Tu sais je m’en-souviens-tu du chant des tournesols que je te mettais au matin dans l’émetteur du téléphone. Ils penchaient pas du pétale !

Niala-Loisobleu – 15 Juillet 2017

 

 

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Arrière-Plage


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Arrière-Plage

 Rocs, on vous guette — et votre soif

Attise un vent plus dur que le toucher des vagues.

Vous serez sable sec au goût de désespoir,

Strié du vent.

Bon pour litière aux coquillages,
Que la mer pour la mort
Jugea et rejeta.

Edouard Glissant
Certain d’être le plus fort, l’orgueilleux bipède érode la nature à une vitesse supérieure à celle prévue judicieusement par ELLE, qui n’ignore rien de la sélection naturelle. Faut dire que pour ELLE vivre c’est avant-tout faire vivre. Alors que le nain s’imagine qu’en tuant il sera le seul à pouvoir décider de tout, dans la plus totale inconstance. Le monarque, l’empereur ? Oh là, non mieux que ça: dieu. Mais Dieu des nains ça pousse en fait qu’à peu. Un rase-mottes à se rouler dans sa friche. Il s’aime tant, que le grain faute d’authenticité avorte dans ses ô verts stériles. Il va devenir colère, car c’est pas sa faute. Jamais il reconnaîtra qu’il est qu’une fauss-couche. C’est la faute de la machine à va peur. L’ingrate qui lui reconnaît pas son mérite usurpé. Ah garce de machine de la vérité qui tilt quand il se plaint. La vérité il n’y pas plus pugnace. Elle n’a rien à voir avec le têtu se refusant à comprendre, à voir, à changer, à admettre, ne tolérant rien d’autre que son avis personnel en trichant en permanence avec ce qui crève les yeux. L’abus c’est l’insulte qu’il fait à l’Amour.
Le roc fonde et tient la mer, le sable écrit des promesses avec des tubes de vent.
Niala-Loisobleu – 14 Juillet 2017

Le Seuil


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Le Seuil

Le couloir au pied des marches
marque un temps d’arrêt
De la grande armoire ouverte
des coins de rues balancent la boîte à musique, cartons perforés des grandes orgues, mariage, ah si c’était à refaire, putain de barbarie
Un après
l’autre le vagissement d’un enfant
Du bonheur en fossettes ça vous chavire charivari
ça c’était avant que la mariée soit en noir
Puis un palier ça monte
pour la pêche à pieds
grandes marées
Sur les dunes un monsieur cherche son slip  au fond de sa jeunesse
la palisse retient les oyats
aïe ça pique en corps de voir les nudistes jouer à la balançoire
top laisse
Traîne l’haveneau P’tit-Mousse, t’auras de la rose si tu vas au bouquet
mais faut racler le goémon pour démazouter le pore du lisier
Elle
elle est toute seule, au milieu des autres qu’est voit ou pas
les borgnes et les devins, les coupables et les innocents, les qui la trouve grosse et conne et la différence de l’amour de l’âme avant le corps, les qui lui bouche tous les orifices de la ligne d’horizon et puis il y a l’Emile et une nuit qui se fait toujours attendre
Un soleil gros comme un creux plein
ô la vie putain
c’est tout sauf juste
Les tropiques du camp serrent
va falloir passer où se laisser couler
Le Seuil
c’est mains tenant, oui mais lequel dit la vieille assise sur la chaise devant sa façade où la vie passe sans s’arrêter et jamais rien voir du point qu’elle tricote, ses seins bien à plat sur les cuisses où le petit chat dort sans ronronner. Quoi deux mains ? Ben, que bal, fais pas de pétard, ce sera encore 14 Juillet.
Niala-Loisobleu – 08/04/16 & 13/07/17

PEAU TERNE CHERCHE SOLEIL


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PEAU TERNE CHERCHE SOLEIL

 

La moiteur d’une vision s’essuie, monotone, sans mouvement évolutif, tremblote sur le point fixe. On dirait que l’appareil de projection passe un film en négatif. Seul dans la cabine, le bruit de l’appareil fait entendre son simulé signe de vie. C’est un ralenti. Les jambes qui courent en laissant sur place, sans rien bouger de l’air pollué. Où trouve-on les recharges pour les kaléidoscopes ? La lanterne magique se fait les poches pour retrouver le caillou du texte à sortir des bulles, Le jour va entre tenir et lâcher. Il faut séparer les corps étrangers du bleu  pour retendre la corde à linge propre. Il y a ces secousses picturales qu’une toile en attente lance pas par hasard. Déplacer les fourmis amassées dans le chevalet. Cette fenêtre qui donne sur la propreté d’un ciel neuf devrait s’exprimer sans se laisser enrouer par une climatisation nocive aux cordes vocales. Répéter les mots creux ça ne redresse pas la tête penchée du tournesol. Le petit chemin qui passe au travers du grillage pour conduire au pied de la forêt, lui il me parle. Il me dit viens, approche, vois comme l’arbuste a grandi, là où tu avais laissé ta semence embrasser la terre. C’était un matin comme tu les peins. Le corsage déboutonné sur les sauts des seins libres. Pas même une culotte à l’herbe, nu à nu couchés debout l’un dans l’autre, se disant joue contre joue, comme la vie est belle. Ignorant le doute douteux qui détourne au lieu de faire avancer. Tu sais comme l’odeur que l’on assemble soi-même en faisant monter le sang aux veines. La sève à soie, son jus. Pour sa racine. A faire vibrer son arbre. Du fond de la rivière souterraine à la surface du derme. Poils dressés par le même frisson qui ne peut se retenir d’avoir un comportement naturel. Loin des consignes d’une politique de manipulation. S’en foutre ? Non, se mettre plein de foutre ! instinct intact. Le bond qui saute le tronc renversé. Attrapé au vol, façon oiseau-lyre, le baiser du vent, avant que les lises l’aient accaparé de leur chant de sirènes. Le réflexe de l’enfant trouvant le morceau de bois à faire jouer dans la glisse du fil du caniveau. Les broussailles ont trop envahies la traversée, les algues retiennent le courant comme des serpents noués autour des chevilles. Casse le bocal pour qu’on respire, tiens ça pourrait le faire avec ton blanc caillou, si tu le lances à l’intérieur de ta mise sous-vide. Je ne peux pas t’embrasser avrc tes deux jambes sur mes épaules, si t’es coincée.

Niala-Loisobleu – 13 Juillet 2017

Je ne marche pas de ce pain là, j’aime que bleu.


Je ne marche pas de ce pain là, j’aime que bleu.

Ils ont fait les routes d’épines de tessons de vers. Cheminées à la plante mocassin cirée au caillou de la pierre à briquet. Long, plus long qu’une vie à marcher. Même pas une goutte à boire. Les arbres à musique éteint de leurs pas de dense. Sec comme un sein d’outre vide battant la cadence au genou d’une prière désespérée, qu’aucune lueur n’éclaire, à part l’aura d’une image religieuse télécommandée d’un orgue mécanique. Pourquoi ? Pourquoi ?

 

Marcher

Un seul souci… marcher… …
Dans le noir… Marcher…
Dans la nuit
épaisse de la voûte fraîche l’enclume son
métallique approche. Marcher…
La procession s’enroule en pelote, et doucement
l’air se raréfie, la voix de fer s’alourdit: le marteau
frappe et résonne et gémit.

Un seul souci… marcher… …
On débouche : aire faite d’yeux.
Yeux aveugles, yeux œillus, yeux clos, yeux diaphanes
Yeux éteints, yeux écarquillés, yeux sources trompés
par les miracles de l’humain.

Un seul souci… marcher… …
Aire faite de bouches.
Bouche qui rit, bouche qui crie, bouche qui aboie
Bouche muette
Bouche ouverte, puits profond où se noie la parole.

La route des aires court : aire faite de mains.
Mains tendues, mains ouvertes, mains feuilles,
mains désirs, mains nées du toucher
de la terre-mère.

Un seul souci… marcher… …

La route des aires se répand : soudain
s’exhalent des milliers de parfum.
L’aire des sens : ultime plaine.
Parfums du vent vivant du vouloir, vertes passerelles
pour enivrer le souffle des légendes ballerines.

Marcher…

Le martèlement de la voûte renaît…
La procession tourne et revient …
Sortir… Sortir…

Dans le cerveau de l’homme s’achève le songe étrange du voyage.

Lucia Santucci

 

Ils ont écopé les mers de leur liquide amniotique, obligeant les poissons à voler des échasses pour ne pas boire la tasse. Des galets, des sans foi ont violé Madeleine en tournante afin d’inventer la lapidation. Frottis sec d’une inguérissable brûlure. Le coeur y était. Ah la torture selon vivre comme un chien. La vraie nature du bipède séparé de la bête unique ment par on dit. Homme de peu ton intelligence est le génie du mal. Pourquoi ? Pourquoi ?

Je ne marche pas de ce pain là, j’aime que bleu.

Niala-Loisobleu – 12 Juillet 2017

 

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LE M’AIME LIEN


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LE M’AIME LIEN

 

Si bien imité que tout ne pouvait que sembler vrai. Dans son écrin d’été, l’ombre du refuge en tendant les battements de ses cils ne pouvait que mordre. Hameçonnage, quand tu nous fais le coup du bouchon qui plonge, ferrer devient un réflexe incontournable. On devrait dire pour parler net du récipiendaire du message.! un con tournable (à volonté). Mais alors les belles histoires de rencontres internet n’auraient plus droit d’asile. Ce droit qu’on gaspille sans réserve puisqu’il illustre hautement l’emploi des mots utilisés aujourd’hui à contresens.

N’empêche qu’un ciel bleu, dans de l’herbe verte, elle-même au bord d’une rivière, poissonneuse, sans lézard, avec des fruits juteux qui se balancent au bout des branches, que les arbres en fleurissent à embaumer. Parce que l’embaumage est considéré comme une première nécessité. Faut soigner l’emballage. Paquet cadeau oblige. La farce est à base de pores. On a laissé l’odeur des échauffements corporels, pour faire plus vrai. Les lèvres ont l’élasticité du grand saut dans le vide. Vas- y rentre, pousse, oui je te sens, ça me transperce de ce que j’attendais depuis si longtemps, après toi y a plus d’avant. Je vois clair, enfin…

D’un Meme Lien

par René Char
Atome égaré, arbrisseau, Tu grandis, j’ai droit de parcours. A l’enseigne du pré qui boit, Peu instruits nous goûtions, enfants De pures clartés matinales. L’amour qui prophétisa Convie le feu à tout reprendre. O fruit envolé de l’érable Ton futur est un autrefois. Tes ailes sont flammes défuntes, Leur morfil amère rosée. Vient la pluie de résurrection ! Nous vivons, nous, de ce loisir. Lune et soleil, frein ou fouet, Dans un ordre halluciné.
L’Amour utilisé comme une contrefaçon ne trompe que les paumés des petits-matins. Les caniveaux du vomis n’ont rien du ru qui fait sauter la truite. C’est que du poisson à l’oeil torve à la nageoire flasque et indirectionnelle.Le mur est au coin de la rue. Dans le bouleversement climatique, les us et coutumes suivent. Seulement la vraie nature, elle, elle se refuse au maquillage. Les épouvantails sont fait pour faire fuir les oiseaux. Mai les oiseaux y savent qu’on ne peut rien attendre du bois mort pour se poser.
Niala-Loisobleu – 12 Juillet 2017