MES ERREURS 1

La pluie d’été

Mais le plus cher mais non

Le moins cruel

De tous nos souvenirs, la pluie d’été

Soudaine, brève.

Nous allions, et c’était

Dans un autre monde,

Nos bouches s’enivraient

De l’odeur de l’herbe.

Terre,

L’étoffe de la pluie se plaquait sur toi.

C’était comme le sein

Qu’eût rêvé un peintre.

Yves Bonnefoy (Extrait Les planches courbes)

Le danger de peindre

c’est de croire

s’asseoir dans du frais

alors que le ban fermé

est sec

Niala-Loisobleu – 14 Mai 2017

J'ai rêvé de toi, cette nuit, je portais une roble blanche-2009 005 copie

C’est combien les pas cassés ?


C’est combien les pas cassés ?

 Le Prince a répondu. Voici l’empreinte exacte de son discours:

« Enfants à tête courte, que vous ont chanté les kôras?
Vous déclinez la rose, m’a-t-on dit, et vos Ancêtres les Gaulois.
Vous êtes docteurs en Sorbonne, bedonnants de diplômes.
Vous amassez des feuilles de papier – si seulement des louis d’or à compter sous la lampe, comme feu ton père aux doigts tenaces!
Vos filles, m’a-t-on dit, se peignent le visage comme des courtisanes
Elles se casquent pour l’union libre et éclaircir la race!
Êtes-vous plus heureux? Quelque trompette à wa-wa-wâ
Et vous pleurez aux soirs-là-bas de grands feux et de sang.
Faut-il vous dérouler l’ancien drame et l’épopée?
Allez à Mbissel à Fa’oy; récitez le chapelet de sanctuaires qui ont jalonné la Grande Voie
Refaites la Route Royale et méditez ce chemin de croix et de gloire.
Vos Grands Prêtres vous répondront : Voix du Sang!
Plus beaux que des rôniers sont les Morts d’Élissa; minces étaient les désirs de leur ventre.
Leur bouclier d’honneur ne les quittait jamais ni leur lance loyale.
Ils n’amassaient pas de chiffons, pas même de guinées à parer leurs poupées.

Leurs troupeaux recouvraient leurs terres, telles leurs demeures à l’ombre divine des ficus
Et craquaient leurs greniers de grains serrés d’enfants.
Voix du Sang! Pensées à remâcher!
Les Conquérants salueront votre démarche, vos enfants seront la couronne blanche de votre tête. »

J’ai entendu la Parole du Prince.
Héraut de la Bonne Nouvelle, voici sa récade d’ivoire.

Léopold Sédar SENGHOR
Recueil : « Hosties noires »
 Dans la sacoche du facteur, il y a plus d’arbres coupés de l’intention que de voeux aboutis. Conter dans le cul de la poule fabule en rose les mots noirs d’une race blanche de la voix, qui, n’ayant rien à dire, s’ensable pour n’entendre que discours.

Niala-Loisobleu – 14 Mai 2017
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BON DE WEEK-END


BON DE WEEK-END

Vous avez gagné un

Bon de Week-End

en pas nié garni

d’intime bousculé

dans la foule

pensée anonyme

illimitée

personnelle sans +

méfions-nous du 13

à l’un dit

Niala-Loisobleu – 13 Mai 2017

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SI TOI AUSSI


SI TOI AUSSI

Je te laisse tout ce que tu n’as que des autres
à quoi me servirait-il de mettre ce que tu montres du doigt
j’aimerais tant t’entendre à fleurs vêtue
défaite de ce qui fait couleur de robe en noir
sans arriver à terme d’une course après l’arc-en-ciel
que tu ne sais pas par où on s’y rend par manque de lumière
ses odeurs leurs goûts je me les roule sur la langue
mieux que si avant toi j’y étais passé à table
en broutant les traces laissées par les passages sauvages des naturelles effluves
A remuer le diable combien ont un fils de dieu à la tête de leur lit
aussi cloué sur place qu’eux ?
Tout ce qui sent la solution d’apothicaire bouille du crapaud mixé serpent ballet de sorcière
Des hommes j’en ai tant vu remuer la terre
que de leur tombe est sorti un chant où la pierre en vibrant donnait l’étincelle à tisser le bleu
Que me reste-t-il hors le refus de croire que le miraculé serait le remède à la maladie d’amour
Ce qui en chemin a déchaussé dans l’ornière avait certainement de soi un défaut du lacet
je n’attends rien d’une désespérance assistée
mon âge est d’aimer sans prendre l’état civil en conte
pas plus que la norme d’un étalon plus coupé des joyeuses qu’un gardien de harem
Et alors il n’y aurait que pas d’âge pour haïr
et une file de ralentissement passé une dizaine acquise
la règle ne fait loi qu’à devoir la vivre de A jusqu’à Z
Quelque ciel posé sur ma tête qui soit je n’ai pas plus d’ombrelle que de parapluie en couvre-chef
je vais décalotté le poil au vent
embrasser à grands yeux l’ouverture de ton âme
à reconnaître
sans la vouloir dépendante de mon corps
notre Amour ne faisant plus qu’un de nous deux librement consentis
Le mystère fait partir la rencontre d’un continent à l’autre
sans dépendre de l’apport matériel exigé par un loueur de nuit de noces
Si toi aussi
tu n’as pas regardé le jour du calendrier pour choisir de partir m’aime en décalage
tu as fait le premier pas de ta dernière erreur de calcul…

Niala-Loisobleu
13 Octobre 2014

TROU DE MES MOIRES


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TROU DE MES MOIRES

Emporté dans un bagage accompagné, une liste d’objets inutiles s’en est allée au gré du vent. D’où venaient-ils, bof d’ici et de là, un jour de brosse Adam, des espadrilles aux basques d’une chemisette à carreaux de chapelle romane, trempés dans des couleurs vitrail, un mouchoir et ses noeuds (ne perdons pas la mémoire), un trousseau de jeune mariés (trousseau-sang-clefs) de l’espoir et de l’utopie.

J’ai grandi à St-Germain-des-Prés…

De la ficelle, un organe sexuel et son couteau pour sortir des aléas survenant à l’improviste, et aussi des boutons sans fils, de Fred Astaire, de Marguerite Monnod, d’Anémone, de lits las point sonneurs, des boîtes de cachous, de vals d’ah, de bons bons en glaise pour ranger l’herbier des chemins et leurs petits cailloux.

Aussi des bornes, des rames à voiles, des mâts de cocagne, du sable émouvant, deux coeurs tracés entre l’écume du tant, un réverbère et son allume-heur. Dans une montée d’arbres, des cris d’oiseaux et des bruits d’elle, quand ouverte au soleil qui se lève, des rosées lui sortent le parfum des champignons de l’humus trempé, la pt’ite culotte qui sert de sels en cas de pâmoison. Terre ouverte entre deux labours à semer. Sillons s’aimait.

Un papier couché sous le crayon, tressautant de griffonnages mystérieux, indéchiffrables par les disciples exceptés de Freud, emmêle en boucles touffues des aisselles avec des pubis comme un premier temps pileux où l’Homme et la bête désiraient de concert se manger l’un l’autre.Pour survivre.

Les étagères misent sur roulettes pourront emmenées les bibliothèques en bord de mer, comme sur le dessous des ponts, au faîte de l’arbre, pas le scions.De quoi lire.

Un convoi de liège en route vers Castor a fait un bouchon. J’ai raccourci mes pantalons.In the cabane retourne planter mes choux. Le Mont Parnasse et ses cimes terres.

Niala-Loisobleu – 12 Mai 2017

INLASSABLEMENT


 

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INLASSABLEMENT

Un maillot sèche

derrière le vent mes mains puisent

l’hors du tant

inlassablement

L’ongle iso scelle en somme net

l’ultime brin de souffle

du fané

Niala-Loisobleu – 12 Mai 2017

FLUX DE PAN


 Alexandre de Riquer - Vita sine literis morts est

FLUX DE PAN

Ce trou de fenêtre par lequel tu entres, nue de tout rideau, ruisselante comme ce que l’on fait de soie à soi pour le doux de l’aspect sauvage. Comme tu coules ! Pas le temps de t’écoper, nous sommes en voie de large. J’avais il me semble sans rien manquer, l’armement gréé, alors qu’à penne tu volais bord à bord, Capitaine en main. Ce canot-tapis, surfe comme une oie sauvage en bande, t’esclaffais-tu en dandinant des hanches comme un serpent que la musique désenvenime du pépin pour le plaisir de la paume. Faut-dire que côté fruit tu manques pas de pulpe d’un côté comme de l’autre. Le bâton de verger c’est zeppelin pour les transhumances avant que les estives courent les plages dans la cohue destructive du brin d’herbe téméraire. Souviens-toi, il y avait une clairière au milieu d’un bois alors que le monde touffu se cherchait en pleine dérive. On a rapproché les arbres à les greffer, si bien que la forêt devint vite enceinte. L’abri fait pas le moi no, rions-nous sans tissu à culpabiliser. Le naturiste le plus libéré a toujours un problème de rangement avec son porte-monnaie, pas nous, on range pas de ce pin là en suivant le tracé des aiguilles sur la côte sans péages. Le pigeon bleu, la tourterelle grise, la belette fauve, le lapin agile et le chat noir savent que du loup les grandes oreilles ça se vante d’avoir le beurre et les intérêts sans  le frisson harmonique de l’instrument à cordes libéré d’esprit comme de corps. A tendre que des idées, un jour où l’autre, ça fond que le sel quotidien pour le goût de vivre. Ah que j’aime te lyre !

Niala-Loisobleu – 11 Mai 2017

(Vita sine literis morts est – Peinture d’Alexandre de Riquer)

.

 

 

 

L’ECHO DES GESTES ETEINTS


L’ECHO DES GESTES ETEINTS

Sous un amas de jours entassés

j’entends-tu

aucune raison valable

à l’immobile

qui écrase le mouvement du son

des demains

Ce qui est tu

parle présence par signes

telle ment vrai

La clef à tenir le tant ouvert

se sait trouver en lovant le jour

de son écho-système obscur.

Niala-Loisobleu – 11 Mai 2017

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LETTRE A LES LISES


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LETTRE A LES LISES

 

Le couteau tombé sous la table des cartes

A laissé le brouillard intact

Où pointe le compas

Le sexe tant dressé

Confond la lune et le soleil

Au beau milieu d’un océan désalinisé

L’albatros nage en solitaire

Je me souviens des troglodytes de Cadix

De la roche percée

Sur laquelle six cordes tendaient leurs voies

Le ciel andalou sentait les épices d’un comptoir d’Inde

En fumées saurées par les gitanes de Gainsbarre

Que des gosses dans les fortifs

Brinquebalaient à coups de pieds

Dans les gamelles

Noir corbeau coeur de colombe

Les claquements de la faena rebondissent

En ricochets sur le plateau de la Messa

Grenade n’endors pas tes lions

On cherche fortune sur la Plaza del Sol

En rangs d’indignés

Quelque part existe-t-il assez d’amour pour taire l’insupportable injustice ?

Vent des globes

Ruisselant de larmes

Tire les galères

Aux rames des RER

L’odeur d’ail saucissonne les cauchemars du matin

C’est la traversée de la manche au quotidien

Dans des remontées lointaines

D’un flamenco en corps sauvage

Niala-Loisobleu – 10 Mai 2017

 

ATONIE


ATONIE

Les pleurs des autos mobiles repoussés au lointain

l’horizon ne montre pas clairement

les traits de son visage

Il faut franchir la côte pour les eaux profondes

et sortir de la voie des sirènes

Sentir enfin la laine de ton ventre

se déshabiller du vague

me Nous rirait.

Niala-Loisobleu – 10 Mai 2017

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