
REGARD RADIOSCOPIQUE
« Aujourd’hui, déconnectez et détendez-vous Alain. Vous n’avez pas arrêté de courir ces derniers temps et il est temps de ralentir le rythme. Essayez de pratiquer l’art de la paresse ! Retapez les coussins du fauteuil, asseyez-vous et prenez un bon livre ou faites une petite sieste. Au besoin, réfléchissez sur votre vie, méditez sur votre existence… Mais pas trop quand même ! Soyez fainéant, une fois n’est pas coutume ! »
C’est mon horoscope du jour…
Il ne fait pas encore jour, voilà pourtant des heures, qu’à la fenêtre, je regarde le devenir invisible de ce qui m’entoure. Je n’aime pas tapoter les fauteuils de l’indifférence. Jamais je n’ai réussi à peindre assis. Il faut que je puisse être debout, peindre exige de savoir prendre du recul.
Tous ces visages que le flou cerne, ont la perspective marquée de ses points de fuite. Pas pour moi ce choix. Il est lâche. Jamais la distance ne m’a coupé du détail des traits. Quelle qu’elle fusse, j’ai le précis de la tête. De la forme des parties du corps. Quelque soit son lieu, sa destination.Le moindre détail reste présent, parce mon oeil ne s’intéresse pas au cliché, il ne regarde que l’âme.Mon Paname ne défraîchit pas de ses odeurs de rues. Jamais il n’a été lavé de ses bruits par les blanchisseuses. La rondeur des marchandes de quat’-saisons a toujours ses verdeurs, tout comme le bougnat ne se départit pas de sa chaleur. Marthe et René sont là, frais comme une petite moustache fleurie et des épaules porteuses d’écoute et de compréhension. Tout simplement parce qu’aucune interruption n’a clos le dialogue. Maintenant la transcendance à jour. L’âme n’est pas morte.
Couper les ponts c’est la stratégie élémentaire de toute formation militaire. On suicide le tant. Sans le dire. Avec la bonne conscience d’avoir rien coupé du fil de l’eau. Seulement voilà toute rivière, tout fleuve à deux rives. Elles ont besoin de pouvoir se joindre. Une union naturelle que la gauche et la droite du quotidien ignorent totalement. On peut juger des dégâts…
Quand la rive monte au delta, que je sens le sel avant de plonger le pied au marais, j’entend le mouvement des iris d’eau, le déploiement des hérons cendrés, qu’un cygne dégage des lentilles pour que le couple de canard ébroue la roseur des nénuphars.Voilà ce qui me débute chaque jour ma journée, « le chemin de mon journal », comme je l’appelle depuis bien longtemps.
Le jour arrive. Que va-t-il en rester ?
Que va-t-il générer ?
Niala-Loisobleu
27 Novembre 2015
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