L’ANCRE INDELEBILE


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L’ANCRE INDELEBILE

Combien, le côté coupant des cailloux de l’absence peut avoir de tranchant par rapport à la douce fidélité contenue dans le roc d’où ils proviennent.

J’ai si mal de ces heures où la mer se montre prête à vous engloutir, tout en vous portant, parce qu’il ne reste plus un seul côté où l’on se tourne qui ne vive de la présence effective de l’autre. Cet autre sans qui toute peinture est impossible. Faute de mots écrits dans la langue du baiser. Une vigueur où les yeux allant d’un point à l’autre de l’autre, ne voient que pore d’attache.

Marin de lune, je vais d’un carreau de salines au hublot de mes cabanes, dans l’esprit du veilleur de hune. Une main en visière sur le front, happant chaque voyelle liée aux consonnes du vent, quelque fantaisie dans l’accent correspondant au parallèle atteint. Longitude amoureuse l’attitude.

Tu n’es pas là du cri de tes membres qui m’abordent dans leurs prises pirates, que je me tiens au centre de tes odeurs fouaillées par la rage de t’atteindre. Je souque, je cargue, je godille, toute la voilure des hélices d’un aéronef à Ulysse.

Me voici.

Ton estuaire grand ouvert montrant les balises de ta poitrine sorties du gilet de sauvetage

La page n’a pas voulue tourner. Elle reste à écrire, des pas portés d’embruns, chargés de roseurs granitiques que la marée pose aux bleus des lignes….

Niala-Loisobleu

12 Mai 2015

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