Mi nana y yo (Frida Kahlo, 1932) –
Nous sommes transfigurés par ces laits qui coulent de toutes les sources
Pour manifester ses origines indiennes (son père était juif hongrois, sa mère mi-mexicaine mi-indienne), Frida Kahlo se représente dans les bras d’une nourrice au visage de divinité aztèque. Du lait coule des deux seins de la nourrice, mais l’un d’entre eux, celui qui arrive dans la bouche de Frida, est transfiguré : doré, tatoué de motifs végétaux. A l’arrière-plan, une pluie de gouttes de lait arrose des plantes tropicales démesurées.
La mère paraît angoissée, tandis que la fille (corps d’enfant, tête d’adulte) est dans une position ambiguë. Ce sein qu’elle suce n’est-il pas en même temps la voix qui sort de sa bouche? Car elle n’a pas l’air de sucer, elle a bel et bien l’air de parler. Ce bouquet doré n’est-il pas sa parole? La mère semble terriblement souffrir, comme si Frida avait réussi à transférer sur elle sa souffrance, tandis que Frida, elle, toute calmée, rassurée par la présence maternelle, peut parler. Elle parle grâce à la présence de cette mère souffrante, c’est-à-dire grâce à cet acte de peindre par lequel elle a restauré cette présence.
Mordant les seins de la vie
la peinture tête ses cris
Echos des couleurs
la douleur jaillit
Exhorbitée
la toile
tend sa joue aux couteaux
sans l’autre
Niala-Loisobleu
17 Mars 2015



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