Mois : août 2014
CARTE POSTALE DE MES ÊTRES CHAIR
CARTE POSTALE DE MES ÊTRES CHAIRS
Mardi
Bien Cher Nicolas,
Le jour est ici presque comme la nuit
du Parc des Princes, mais le sol et le ciel sont
peu animés !
Je suis dans un drôle d’état.
J’aperçois quelquefois la folie à l’horizon
comme la cime rompue du mont Ventoux.
Ce n’est pas désagréable du tout, mais il faut
y aller…
Là le vent ne vous pousse pas !
Toute ma pensée affectueuse
R. C.
Paris, 26 avril 1952
Très cher René,
Je fais pour toi des petits paysages
des environs de Paris pour t’apporter un peu
de mes ciels d’ici et calmer mon inquiétude
à ton sujet ; ce n’est pas que je croie que cela
puisse t’être efficace, mais cela me rassure
un peu en pensant à toi, des couleurs plein
les mains, à ciel ouvert.
De tout coeur.
Nicolas
Ces deux lettres sont extraites de la Correspondance René Char/ Nicolas de Staël.
En corps et tous jours rien que silence
Loisobleu
2Août 2014
EFFLUVES
La grande verrière des ateliers a retenu à l’intérieur, les buées odorantes de tous ces départs d’une toile vierge, tendue au châssis de sa fenêtre
Nos ateliers sont des gares posées ça et là de nos voyages picturaux.
Juste pour le croquis gourmand d’une impression à saisir immédiatement,
halte posée sur le passage d’une grande ligne.
Ou bien ça pourra être un noeud ferroviaire plus important, une gare centrale,
nerfs de circuits longues distances, remuant de la fébrilité des découvertes
apportées par chacun des tableaux d’une série.
La cabane est depuis des années l’estomac et les intestins de mes gares, l
eur quai-ponton, entrepôts-buvard à relents des sueurs extraites
de clandés, boules à tango, planchas aillés de garenne, toutes garrigues
ramassées du vent largué d’une humanité qui cherche à se faire un dessous des jupes
sans culotte de cheval de Troie.
Chaude, sans frime, elle crisse comme une présence d’oiseaux de mer, qui n’ont rien à dire de tous les coups tordus, vérole et MST, des rues mal famées d’une existence ordinairement répandue sur le globe d’yeux pochés.
Sur le plat de côte, entre les doigts de pieds du sable,
de longues collines espalient leurs thés.
Au bout de leur mâts, les palmiers s’échevèlent à vouloir gommer les dates.
C’est Paul, dans l’oreille de Vincent
qui roule dans le rire des vagues.
Pont-Aven ou Montmartre,
qu’est-ce que ça peut bien foutre, partout le rouge ou la galette ont des ailes.
Jaillie de sécrétions la terre se peuple d’un monde bariolé,
shaman, offrandes, pyramides, flèches en cathédrales, haut-bois, polyphonies,
oh oui serre-toi, je dense au coeur de tes jambes,
des arbres monte la musique qui te remue par la tripe,
avances en corps,
peu pas savoir jusqu’où,
t’occupes,
qu’est-ce que ça fou,
peins tu parles universel sans bagages.




Vous devez être connecté pour poster un commentaire.