OUI A L’INVITATION DU FACTEUR


OUI A L’INVITATION DU FACTEUR

Cette joie qui ouvre grand la bouche pour répondre favorablement à l’invitation du facteur, rend le respirable dans son essence au bout d’un si long temps d’attente

Même si ce n’est que l’annonce du bruit du mouvement des pédales, qui le 6 du mois conduira de Cognac à Bordeaux pour savoir, un bleu tient l’enclos sur la ligne

on pense à l’herbe étouffée sous le poids du rouleau qui relève la tête

tournée vers la pleine lune des fraises en sagittaire comme un fruit régénéré d’optimisme.

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Niala-Loisobleu.

3 Juin 2023

LA BRÛLURE DU FROID


LA BRÛLURE DU FROID

Dans la braise caniculaire où le jour rampe

un mal de gorge s’emploie à congeler les battements du coeur

La douleur est le plus traître des ennemis en se faisant maître du combat déloyal.

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Niala-Loisobleu.

2 Juin 2023

LA QUELLE COULEUR ?


LA QUELLE COULEUR ?

Dans le dessein inconnu du jour qui se lève derrière l’autre

la palette n’est pas aphone

c’est le pinceau qui tire la jambe

C’est en corps show…

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Niala-Loisobleu.

31 Mai 2023

LE COUP DE PIED DE L’ÂNE


LE COUP DE PIED DE L’ÂNE

Surgi de l’arbre qui masquait une forêt apparue dans tout l’amer d’un fiel comme seul peut en connaître la haine, un traquenard se fait jour. L’oiseau ébranlé gratte son poitrail pour se laver de la cabale que la détresse d’une maladie létale génére et fomente sans qu’un remède possible n’ait réussi à sortir en corps du calendrier chômé

Mais savoir ce que la peur peut induire d’érreur, ne fait qu’un effet placebo dans la bataille

Il faut retourner le ragot vers sa mesquinerie sans qu’un roman lu, puis colporter à contresens puisse en inverser le fond

Avant d’être chassé puis exterminé…

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Niala-Loisobleu.

30 Mai 2023

DU VU ET DU CACHE


DU VU ET DU CACHE

D’où te conduit le doute, l’apparence est trompeuse

il y a des heures pour tout

et quand dans la salle d’attente, les pas perdus tournent en rond

tu penches d’un côté à l’autre pour tenir l’équilibre

en sortant du parallélisme du mal et du bien.

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Niala-Loisobleu.

29 Mai 2023

FAIRE UN JARDIN DE CUREE


FAIRE UN JARDIN DE CUREE

Une grosse chaleur en taxe surajoutée

sur la détresse d’un moral dans les chaussettes

ne donne pas le moyen de courir dans les vagues de la plage d’un wek-end prolongé

Depuis mon point de chute

ouvrir l’éventail commencerait à m’aérer la tête

afin de de repomper le coeur et désherber le jardin

« L’ART DE FAIRE »

qu’il appelle ça, le Peintre

pour sortir des médisances que la maladie engraisse

On ne brûle que la générosité dans ce monde qui craint…

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Niala-Loisobleu.

28 Mai 2023

QUE LA VIE EN VAUT LA PEINE – LOUIS ARAGON


NIALA

QUE LA VIE EN VAUT LA PEINE

LOUIS ARAGON

C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix

D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre

Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement

Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche

Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et
Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie

Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre

Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon
Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font

Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indiffèrent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche

La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri

Cet enfer
Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.

Louis Aragon

AU CARREFOUR DES ROUTES PAR PIERRE REVERDY


AU CARREFOUR DES ROUTES

PAR

PIERRE REVERDY

Les bras se levaient vers la croix et la tête restait pendue au flot de ses cheveux, sous la lucarne.

Sur les marches il n’y a plus que l’ombre que le soleil projette et les mains perdues dans les rayons l’empêchent de tomber. Une voix d’en haut sortait de derrière un nuage, mais le
tonnerre, en roulant, l’a brisée.

Et la prière qui montait du fond n’est plus qu’un souffle, une voix de poitrine qui se laisse tomber dans les plis de la robe après être sortie.

A gauche on monte par le chemin du ciel que ne révèle aucune plaque indicatrice.

Pierre Reverdy