
ECLIPSE
ECLIPSE
Sur la pointe des pieds le long du cou noir de la nuit, les dix heures de bonne aventure égrainent leurs petits pois dans la jardinière, assise, dans la solitude, près de la cabane des anses – où sont arrimées les barques à rôles – tout au fond du jardin. Entre la cour des mi-racle du lavoir et les boules d’Alain l’artisan teintureur de ciel. Faut dire que si c’est pas d’hier qu’on le met à l’ouvrage, au moment présent d’où que vous je narre la mecque docte, il en avait plein dans le trop, qui finissait par faire oeufs d’aime par pourrissage, et non par assimilation à la graine de concombre, bien qu’il s’agisse en corps d’une similaire histoire d’outre reins.
Il faut évacuer les rins, se disait-il, en saluant Dame Pipi sur le chemin des toilettes, où l’accoutrement de l’humeur varie selon beaucoup de facteurs, comme y disent dans les postes de visions. La cinquième colonne n’a jamais respectée l’armistice, elle continue de faire la guerre froide.
Ma voisine de palier, au demeurant présentant toujours bien les choses est en fait un travesti. Un travelo du cerveau, qui change d’humeur plus vite que de slip, au point qu’elle n’en met plus depuis longtemps, afin d’être plus vite prête à changer de costard. L’autre fois elle m’a avoué qu’elle s’était butée dans sa propre image tellement elle s’était pas reconnue en suçant sa glace. Un cas pas possible, un de ces cordonniers percés jusque sous la semelle qui ouvrent enseigne d’une boutique de rechapage. Mais d’où s’qu’y sortent tous ses costumes de scènes.Et menteurs avec ça…parce s’qu’y s’contentent pas d’enfiler la veste, faut aussi qu’y causent, d’un avis affirmé, en maître, en pro, pitin ça me gonfle ! Et dire que les vrais malheureux ont sait pas où y s’cachent…
J’veux plus qu’on me prenne pour un canard, je veux pas qu’on me gave, na !
Niala-Loisobleu.
11 Juin 2016
A JULOS
Nous sommes allés, aveuglés par le soleil d’hiver
Dans ce cimetière minuscule au milieu de l’hiver
Avec quelques tombes blanches perdues dans la verdure de l’hiver
Nous n’étions qu’une ponctuation de l’espace immense
Égarés dans un film bizarrement surexposé
Qui saute sans cesse et la scène recommence
Et le rituel dérisoire continu qui nous est imposé
Les musiciens, les doigts absents, jouaient la musique de ton royaume
Ton royaume, mon pauvre ami, de toutes ses forces arc-bouté
Ils jouaient, comme pour dire à Dieu « Nous sommes restés fiers »
Ils jouaient, chacun dans sa terreur se forgeait des répliques
Contre l’impitoyable qui court bien plus vite que nous
Un cheval qui, sans doute, était un cousin de la morte
Nous observait et mangeait l’herbe verte
En nous donnant, mine de rien, des leçons de tendresse
Je ne ramène pas de mots de cette virée dans la tristesse aveuglante
Qui est la plus proche du soleil
Camarade des camarades, je suis revenu vides les mains
Passée la porte de métal et d’air où nous avons l’autre jour caché nos doigts
Si tu trouves des mots, c’est que tu ne reviendras pas
Et moi je te le dis pour les vivants, les tiens, les miens, tous ceux que j’aime
J’ai peur de cette beauté-là qui dans le pare-brise vient
L’autre jour c’moi qu’on mettait en terre et je me regarde n’être plus rien
Je dis « Tu as mon amitié.
C’est un appel à l’aide.
« Je saigne dans ce carrefour des cent mille routes.
J’ai peur.
Oh, s’il se peut : Que quelqu’un me tire en arrière
Seulement d’un quart de seconde pour soulager le cœur
J’entends le souffle déjà du chevelu cheval
Il me dit qu’
Nous allions, aveuglés par le soleil d’hiver
Dans ce minuscule cimetière en plein hiver
Avec quelques tombes blanches perdues dans la verdure de l’hiver
Nous n’étions qu’une ponctuation d’un espace immense
Perdus dans un film bizarrement surexposé
Qui saute sans arrêt et la scène recommence
Et le continuel rituel dérisoire qui nous était imposé
Les musiciens, doigts absents, jouaient la musique de ton royaume
Ton royaume, mon pauvre ami, de toutes ses forces tendues
Ils jouaient, comme pour dire à Dieu « Nous sommes restés fiers »
Ils jouaient, chacun dans sa terreur forgé des lignes
Contre l’impitoyable qui court beaucoup plus vite que nous
Un cheval qui, sans doute, était un cousin de la morte
Nous a regardés et mangé l’herbe verte
En nous donnant, mine de rien, des leçons de tendresse
Je ne ramène pas les mots de ce voyage dans une aveuglante tristesse
Qui est le plus proche du soleil
Camarade des camarades,
Je suis revenu les mains vides
Passé la porte métallique et aérienne où on s’est pendu les doigts l’autre jour si tu trouves les mots c’est que tu ne reviendras pas
Et je te dis pour les vivants, les tiens, les miens, tous ceux que j’aime
j’ai peur de cette beauté qui rentre dans le pare-brise
L’autre jour c’est moi qu’on a mis en terre et je me regardais n’être plus rien je dis « Vous avez mon amitié.
C’est un appel à l’aide.
« Je saigne dans ce carrefour de cent mille routes.
J’ai peur.
Et me préparer à me disperser ma conscience dans la Terre Réconciliée avec la Terre
Et sa respiration qui est le chant
Jacques Bertin