
VARIATIONS DU VISAGE ET DE LA ROSE
PAR
BEATRICE BONHOMME
Tu te souviens, quand nous l’avons retrouvé, posé sur la neige, alors qu’il serrait contre lui cette seule rose. Elle avait gardé du sang sur ses pétales et le cœur battait dans la rose. Mais, lui, son cœur avait cessé de battre, il avait confié son cœur à la rose. Le sang de la rose battait encore quand on a ouvert sa main et que l’on a déposé la rose sur la neige.
Dans la maison, le vase était resté fleuri, alors qu’il s’était désormais éloigné pour prendre la couleur de la neige. Alors qu’il devenait du marbre, les roses déposées dans le vase continuaient à vivre.
Il a emporté une rose avec lui et il l’a gardée dans sa main. Quand nous sommes arrivés le cœur de la rose brûlait encore.
Mais quand je viens vers toi, c’est une grande lumière lavée, le visage d’un enfant lavé par la lumière et ce ciel qui n’est que le vide d’une pluie.
C’est tout ce qui a eu lieu ou n’a pas eu lieu, l’impossibilité à saisir, le cœur fatigué d’implorer la lumière, une perplexité.
Mais lui, du moins, a saisi la rose sur le chemin du cœur et la rose est devenue la tapisserie de son visage.
Une tapisserie de soie et de laine, des rosaces au centre de la lumière, un lien qui se fait, un tout petit mur perdu orange avec les lignes mortes de la vigne.
Béatrice Bonhomme