
Chanson violette
par Albert Samain
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Et ce soir-là, je ne sais,
Ma douce, à quoi tu pensais,
Toute triste,
Et voilée en ta pâleur,
Au bord de l’étang couleur
D’améthyste.
Tes yeux ne me voyaient point ;
Ils étaient enfuis loin, loin
De la terre ;
Et je sentais, malgré toi,
Que tu marchais près de moi,
Solitaire.
Le bois était triste aussi,
Et du feuillage obscurci,
Goutte à goutte,
La tristesse de la nuit,
Dans nos cœurs noyés d’ennui,
Tombait toute…
Dans la brume un cor sonna ;
Ton âme alors frissonna,
Et, sans crise,
Ton cœur défaillit, mourant,
Comme un flacon odorant
Qui se brise.
Et, lentement, de tes yeux
De grands pleurs silencieux,
Taciturnes,
Tombèrent comme le flot
Qui tombe, éternel sanglot,
Dans les urnes.
Nous revînmes à pas lents.
Les crapauds chantaient, dolents,
Sous l’eau morte ;
Et j’avais le cœur en deuil
En t’embrassant sur le seuil
De ta porte.
Depuis, je n’ai point cherché
Le secret encor caché
De ta peine…
Il est des soirs de rancœur
Où la fontaine du cœur
Est si pleine !
Fleur sauvage entre les fleurs,
Va, garde au fond de tes pleurs
Ton mystère ;
Il faut au lis de l’amour
L’eau des yeux pour vivre un jour
Sur la terre.
Recueil: Au Jardin de L’Infante
C’est beau et tendre,,,
ça va faire plaisir ò Daniela!
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Je l’espère c’est ma part de sève dans l’entretien de la forêt vierge
Merci Ma
Un peu de douceur panse mes brûlures. Bien que le couvreur soit pas venu le calme garenne 🌺
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un autre jeu doux de Samain, les trois derniers vers sont peints avec un hyperréalisme qui transcende le temps…merci Alain!
La pluie est venue avec la grêle…un peu de fraîcheur et un ciel qui menace encore
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Samain rassure de ses mots stables en ce moment de verbiage grotesque Daniela. Avec de l’eau dans son vers, l’inspiration ne manque pas d’ivresse..:
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c’est vrai
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