Jour : 7 mai 2022
PURETE

PURETE
Hors d’iris mais haute sur tige
l’impression sentie dépasse la vision
par vibration
Le bout du pied dégage assurément la bonne image
Niala-Loisobleu – 7 Mai 2022
ENQUÊTE D’HAUTEUR

ENQUÊTE D’HAUTEUR
Crissement de chaleur que l’absence d’ô investit à l’approche des fanes dans une parodie de lumière où l’apparat ambulant ouvre sa ménagerie en l’absence de M. Loyal
Cette raideur de l’iris manque du balancement de vague végétale dû à la portée de l’émotion que la grandeur de Vincent aura tenu au malheur de l’indifférence durant son vivant
Voici les corbeaux qui migrent en terres à blé
Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a plus de cruauté dans l’amour dont on parle que dans celui que l’on fait. L’échelle de valeur de la lumière est plus à pile qu’à énergie solaire comme le montre la ligne de gros-nuages en arrière-garde. Cette fleur finira hors de la toile de lin pour abuser la réalité des autres
Au pied de la couleur fauchée Chiron surgit, en nautonier pour l’autre rive.
Niala-Loisobleu – 7 Mai 2022
RAILWAY TO DELHI PAR ANDRE VELTER

RAILWAY TO DELHI PAR ANDRE VELTER
À la sortie d’un aiguillage, l’aube très lentement, et le Gange traversé.
Ciel laiteux. Un homme en dhoti blanc, sur un cheval blanc, galope à l’horizon de la plaine. Un parapluie noir l’isole du soleil.
Une corneille pique les flancs d’un bœuf impassible.
Villages de chaumes et de tuiles.
Des palmiers, des palmiers.
Dans une rigoureuse solitude terrestre, un buffle contemple le vol d’un flamant rose.
Un seul arbre, une seule ombre, et un homme.
Là-bas l’Himalaya, vision perdue d’un piémont si vaste qu’il n’a jamais su s’il rendait hommage aux montagnes ou aux nuages.
Gare de Sahibganj. Le thé versé en de minuscules terres cuites, les mêmes qui s’entassent par milliers sur les quais, prêtes à l’expédition dans des paniers
tressés. Un musicien, chemise et pagne bleus, franchit le remblai. Il porte un tabla en bandoulière, ses cheveux sont mêlés de brindilles, on dirait une perruque de paille
hérissée au-dessus du turban. Un petit mendiant fait tinter une assiette vide aux grilles des
wagons.
Par dizaines, les couples de buffles tirent des araires de
bois, imprimant au sol sa géométrie nourricière.
Tous les vingt pas, des puits et leurs servants. Une jarre
attachée à l’extrémité d’un long bambou est projetée sous
terre, puis remonte par l’effet d’un contrepoids de pierre et
de chiffons.
Forêt de manguiers, les fruits mûrs pendent comme des
lampions.
Une femme orange dans un hameau de terre. Un vacher allongé sur l’encolure d’un buffle, et le troupeau qui suit.
Cactus à contre-ciel. Du béton délabré. Un charroi de briques. Entrée de Kahalgaon.
Gange perdu dans l’amplitude sèche de ses rives.
Un vieillard debout, barbe blanche, les pieds dans la
boue.
Aucune vue sans âme qui vive.
À Bhagalpur, des femmes accroupies trient les éclats du
ballast.
Laboureurs de poussière.
Un palais décati, mais de beaux restes blancs et gris, au-dessus du fleuve.
Toits de tuiles rondes, et des cruches retournées aux pignons
des faîtières.
Des hérons déciment les marais, l’air de ne pas y toucher.
À la fenêtre de chaque poste d’aiguillage, un homme brandit un fanion vert.
Se présente une mare plus petite que le filet qu’un pêcheur lui jette.
Au temple de Bariarpur, les allongés dorment sur un miroir.
Réseau de sécheresse.
À deux mètres du sol, un lit sur pilotis, avec ombrelle de chaumes.
Les murs n’enclosent jamais vraiment.
Jamalpur dans la fumée de vingt locomotives, et les cris à la sauvette des vendeurs ambulants.
Ciel plombé d’attente.
Midi à pic pour la seule ombre d’un arbre mort.
Un atoll sur l’océan aride, un cercle de palmiers et des enfants roulés aux mirages de l’eau.
Les tentes rapiécées des Djats, ouvertes au moindre souffle. Juste une halte démunie qui joue le vent contre la fournaise.
Araire basculé par-dessus le joug, un attelage sans guide dérive dans l’étendue, ivre de trop d’efforts aveuglés.
Sur l’autre voie, un train stoppe à peine. Des paysans chargés d’énormes rouleaux de chaumes courent jeter leurs fardeaux sur les butoirs, enrre les wagons, puis se mettent sur
la paille. Certains trébuchent et voient le convoi filer, le nez au ras des cailloux. Relevés, ils prennent position pour le transport suivant.
Chaque arbre est une oasis.
Un unijambiste se déplace en s’aidant d’une longue perche, comme s’il était à la fois la barque et le passeur.
Patna. Une halte écourtée en raison du retard, ou pour hâter le crépuscule.
Palmiers sculptés comme des totems. Ce qui s’enlève autour
s’appelle aussi le cœur.
Gange égaré dans ses habits de sable, à Koelwar, et les
barques inclinées sur les dunes.
Rolliers, perruches et tout petits guêpiers : notes bleues, jaunes et vertes des portées électriques.
Bord de route, un feu pour fondre le goudron de trois
barils. La pâte noire luit, enfer habituel, sans un cri, à Arrah.
Un cimetière enclos, une seule croix exactement plein
centre. Squelette statique alors qu’il y a tant de cendres qui
migrent au vent de ce pays.
Sept femmes droites dans des champs moissonnés. Immobiles, et pas le moindre geste en perspective.
Furia ferroviaire, le train épuise sa réserve de vapeur et
tangue contre le temps.
Un énorme tronc d’arbre sectionné, dispersé. Vertèbres
disjointes du diplodocus de Bihiya.
Briqueteries avec des fours abandonnés, compacts comme
des temples du feu.
Deux cabris bagarreurs, près d’une noria qui doucement
hausse la source.
Ciel d’acier, tonnerre des pistons et des roues, vraiment
chemin de fer.
Des buffles à contre-jour traversent les rizières.
Dans Zamania désert, un homme déambule la tête prise
entre deux pastèques.
Glaneuses avec des voiles de divas pour angélus multicolore. Des bœufs blancs tournent à l’infini la ronde des moissons. La plaine s’obscurcit des envols de l’ivraie.
Un patriarche presque nu lève une houe lentement, comme un sceptre. Un cavalier se détache des brumes du soleil, son cheval au galop secoue furieusement les clochettes qui lui battent
l’encolure,
Le disque blême glisse dans la doublure du ciel à Mughal Saraij, reste la lumière d’une syncope derrière les roseaux.
Ce fut un crépuscule de craie avec fantômes sur les lointains. Puis la nuit descendit cautériser mes yeux.
André Velter
La main cassée

L’inspiration avalée s’engloutit dans l’eau noire du croupi.
Le retournement du vent en bossant la toile au mauvais rivage casse le tendon prolifique
Niala-Loisobleu – 7 Mai 2022
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.