
LES ARCHIVES DU PRIEURÉ PAR PAUL NEUHUYS
On n’aime pas ce que j’écris, tout ce que je fais est d’un anodin pignocheur de colifichets.
Mes amis me voudraient autre que je ne suis et voudraient faire d’un troène un cognassier.
Les plus aimables d’entre eux me quittent sur cette invite:
Tu es rasoir, grand-père, puisses-tu claquer au plus vite.
Le fait est que ça me paraît de moins en moins étrange d’être un mort au-dessus duquel les arbres mêleront leurs
branches
car j’aurai beau ne plus être, l’être sera toujours et comme un paysan qui rentre des labours
je préfère interroger le vol des étourneaux
ou bien regarder le feu fixement sans dire un mot.
Mourir, c’est s’attendre à tout, franchir les frontières de la
peur, voir le rideau qui subrepticement se lève à l’intérieur.
c’est descendre dans l’humide touffeur de l’humus, naître à la vaporeuse émanation de quelque chose de plus.
car la vie ne serait qu’une immense duperie
sans une existence supérieure à celle du corps et de
l’esprit.
Merveilleux est un mot très chrétien; ce qui compte c’est cette petite parcelle de réalité profonde.
C’est pourquoi pas de deuil dans la maison du poète mais un léger sourire:
Adieu, c’est chose faite…
Paul Neuhys
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