
PASSE LE PONT PAR ROBERT DESNOS
La porte se ferme sur l’idole de plomb
Rien désormais ne peut signaler à l’attention publique
cette maison isolée
Seule l’eau peut-être se doutera de quelque chose
Les clairs matins d’automne la corde au cou plongent dans la rivière
Le myosotis petit chien de
Syracuse n’appellera jamais plus la fermière aux yeux pers de son cri de mauvais augure
Du temps de
Philippe le
Bel à travers les forêts de cristal un grand cri vient battre les murs recouverts de lierre
La porte se ferme
Taisez-vous ah taisez-vous laissez dormir l’eau froide au bas de son sommeil
Laissez les poissons s’enfoncer vers les étoiles
Le vent du canapé géant sur lequel reposent les murmures le vent sinistre des métamorphoses se lève
Mort aux dents mort à la voile blanche mort à la cime étemelle
Laissez-la dormir vous dis-je laissez-la dormir ou bien j’affirme que des abîmes se creuseront
Que tout sera désormais fini entre la mousse et le cercueil
Je n’ai pas dit cela
Je n’ai rien dit
Qu’ai-je dit?
Laissez laissez-la dormir
Laissez les grands chênes autour de son lit
Ne chassez pas de sa chambre cette humble pâquerette
à demi effacée
Laissez laissez-la dormir.
Robert Desnos, une vie tragique: « Robert Desnos (4 juillet 1900 – 8 juin 1945) était un poète, écrivain et journaliste français. Influencé notamment par Nerval et Baudelaire, il écrit principalement des textes poétiques, même lorsqu’il se trouvait dans le camp de concentration. Ses sujets principaux incluaient surtout l’amour. »
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Son exposition dramatique aux tortures physiques et sa prédisposition personnelle ne pouvaient qu’en faire un amant fou…
Merci Olivia.
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