ENTRE LES ORTIES ET LE SUREAU


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ENTRE LES ORTIES ET LE SUREAU

Ô bonheur

L’air fluide et tendre cède plus mollement que l’eau

La  grenouille  confie  ses  clameurs  aux  rochers   lisses   du

maquis

À l’appétissante bouillie au bassin vert miroitant

Zone marécageuse entre le souffle et les roseaux

Le  silence  respire et j’expire immobile  et  sanguine  comme

 le drapé du rêve

Je retiens mon souffle et c’est le calme

Calme la vague émue

Calme le sable le ciel et l’introuvable tortue

Calme le cri qui ne s’élèvera plus

Sois  heureuse  car  la  nuit  repose  dans  le  courant  qui  tire

vers le large
Et  l’éléphant  blanc  ouvre  la  porte  qui   donne sur   la  baie

Et blêmit car ici même le vent sait attendre

Ochinèse*, 1963

Joyce Mansour

Joyce Mansour, « L’heure érogène », Carré Blanc, éditions du Soleil, Collection Le Soleil Noir dirigée par François Di Dio [1921-2005], 1965, page 66. Première de couverture de Pierre Alechinsky.**

 

 

Où que bute cette fluidité, de l’obscur se glisse un rai

pourtant je pêne qui me vole les clefs ?

Si les voleurs de migration des oies se contentaient de jouir de leur insane état, les ancres

aux pieds auraient des iambes…

 

N-L /02/11/18

 

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