NOTRE JARDIN BLEU 3


NOTRE JARDIN BLEU 3

 

Nous avons rangé dans nos poches

la perle corrompue

des saisons et celle du sens de la fête

versée dans l’abus,

la fausse épaisseur

et les clameurs inouïes

lancées vers l’idole d’une heure

promptes à vous faire une vie parfaite.

Nous n’avions pas d’idole mais toute une vie

pour entourer les pierres d’une tendresse particulière

et accrocher comme on aime

nos yeux aux boutons ouverts

de la fleur rescapée de l’indifférent système.

Notre jardin bleu est de ceux où l’on sème

la contemplation muette et le chant de nos oiseaux

résonne de branche en branche

sans se cogner jamais aux couloirs du dimanche

et à ses familiales querelles.

Notre jardin de fortune promet le cadeau

de fruits ronds frissonnant encore de leurs eaux

et nous les déposons aux paumes de la lune jumelle

qui couche son lit à l’ombilical de nos rêves

entre la fraise, la menthe, et le persil.

Il arrive qu’on y croise la nuit

les blanches grand-mères de nos enfances

et on les regarde reprendre leur danse

ravies.

ô Marthe, Louise et Jeanne,

le tilleul frondeur pénètre encore par la fenêtre

pour chaparder la madeleine de vos tisanes.

Barbara Auzou

 

P1050723 - Copie

Notre Jardin Bleu 3 – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 61×46

13 réflexions sur “NOTRE JARDIN BLEU 3

  1. La terre est bleue

    La terre est bleue comme une orange
    Jamais une erreur les mots ne mentent pas
    Ils ne vous donnent plus à chanter
    Au tour des baisers de s’entendre
    Les fous et les amours
    Elle sa bouche d’alliance
    Tous les secrets tous les sourires
    Et quels vêtements d’indulgence
    À la croire toute nue.

    Les guêpes fleurissent vert
    L’aube se passe autour du cou
    Un collier de fenêtres
    Des ailes couvrent les feuilles
    Tu as toutes les joies solaires
    Tout le soleil sur la terre
    Sur les chemins de ta beauté.

    Paul Eluard….

    C’est celui-ci qui me semble convenir ce matin…

    J’aime

  2. A vous toutes, à vous tous qui avez liké? Barbara et moi vous disons merci par ce chant de liberté que NOTRE JARDIN BLEU cultive
    N-L

    Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil

    Teniente Coronel

    Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil

    Sargento

    Sí.

    Teniente Coronel

    Y no hay quien me desmienta.

    Sargento

    No.

    Teniente Coronel

    Tengo tres estrellas y veinte cruces.

    Sargento

    Sí.

    Teniente Coronel

    Me ha saludado el cardenal arzobispo de Toledo con sus veinticuatro borlas moradas.

    Sargento

    Sí.

    Teniente Coronel

    Yo soy el teniente. Yo soy el teniente. Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil.

    (Romeo y Julieta, celeste, blanco y oro, se abrazan sobre el jardín de tabaco de la caja de puros. El militar acaricia el cañón de su fusil lleno de sombra submarina. Una voz fuera.)

    Luna, luna, luna, luna,

    del tiempo de la aceituna.

    Cazorla enseña su torre

    y Benamejí la oculta.

    Luna, luna, luna, luna.

    Un gallo canta en la luna.

    Señor alcalde, sus niñas

    están mirando a la luna.

    Teniente Coronel

    ¿ Qué pasa ?

    Sargento

    ¡ Un gitano !

    (La mirada de mulo joven del gitanillo ensombrece y agiganta los ojirris del TENIENTE CORONEL de la Guardia Civil.)

    Teniente Coronel

    Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil

    Sargento

    Sí.

    Teniente Coronel

    ¿ Tú quién eres ?

    Gitano

    Un gitano

    Teniente Coronel

    ¿ Y qué es un gitano ?

    Gitano

    Cualquier cosa.

    Teniente Coronel

    ¿ Cómo te llamas ?

    Gitano

    Eso

    Teniente Coronel

    ¿ Qué dices ?

    Gitano

    Gitano

    Sargento

    Me lo encontré y lo he traído.

    Teniente Coronel

    ¿ Dónde estabas ?

    Gitano

    En la puente de los ríos.

    Teniente Coronel

    Pero, ¿ de qué ríos ?

    Gitano

    De todos los ríos.

    Teniente Coronel

    ¿ Y qué hacías allí ?

    Gitano

    Una torre de canela.

    Teniente Coronel

    ¡ Sargento !

    Sargento

    A la orden, mi teniente coronel de la Guardia Coronel.

    Gitano

    He inventado unas alas para volar, y vuelo. Azufre y rosa en mis labios.

    Teniente Coronel

    ¡ Ay !

    Gitano

    Aunque no necesito alas, porque vuelo sin ellas. Nubes y anillos en mi sangre.

    Teniente Coronel

    ¡ Ayy !

    Gitano

    En Enero tengo azahar.

    Teniente Coronel

    (Retorciéndose) ¡ Ayyyyy !

    Gitano

    Y naranjas en la nieve.

    Teniente Coronel

    ¡ Ayyyyy, pun pin, pam. (Cae muerto,)

    (El alma de tabaco y café con leche del teniente coronel de la Guardia Civil sale por la ventana.)

    Sargento

    ¡ Socorro !

    (En el patio del cuartel, cuatro guardias civiles apalean al gitanillo.)

    Veinticuatro bofetadas,

    veinticinco bofetadas;

    después, mi madre, a la noche,

    me pondrá en un papel de plata.

    Guardia civil caminera,

    dadme unos sorbitos de agua.

    Agua peces y barcos.

    Agua, agua, agua, agua.

    ¡ Ay, mandor de los civiles

    que estás arriba en tu sala !

    ¡ No habrá pañuelos de seda

    para limpiarme la cara !

    5 de julio de 1925

    Federico García Lorca, Poema del Cante jondo

    Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil – Federico García Lorca
    Lutte entre la cruauté et le rêve, entre la laideur de la réalité et la beauté des mots…

    Scène du Lieutenant Colonel de la Garde Civile

    Lieutenant colonel

    Je suis le Lieutenant Colonel de la Garde Civile.

    Sergent

    Oui

    Lieutenant colonel

    Et personne ne me contredit.

    Sergent

    Non.

    Lieutenant colonel

    J’ai trois étoiles et vingt croix.

    Sergent

    Oui

    Lieutenant colonel

    L’archevêque de Tolède m’a salué, avec ses vingt-quatre pompons violets.

    Sergent

    Oui.

    Lieutenant colonel

    Je suis le lieutenant. Je suis le lieutenant. Je suis le lieutenant colonel de la Garde civile.

    (Roméo et Juliette, bleu ciel, blanc et or, s’étreignent sur le jardin de tabac de la boîte de cigares. Le militaire caresse le canon de son fusil rempli d’ombre sous-marine. Une voix à l’extérieur.)

    Lune, lune, lune, lune,

    du temps de l’olive.

    Cazorla montre sa tour

    et Benamejí la dissimule.

    Lune, lune, lune, lune,

    Un coq chante sous la lune.

    Monsieur le maire, vos filles

    en ce moment regardent la lune.

    Lieutenant colonel

    ¿ Que se passe-t’il ?

    Sergent

    ¡ Un gitan !

    (Le regard de mulet du petit gitan assombrit et rend gigantesques les énormes yeux du lieutenant colonel de la garde Civile.)

    Lieutenant colonel

    Je suis le lieutenant colonel de la Garde Civile.

    Sergent

    Oui.

    Lieutenant colonel

    ¿ Qui es-tu, toi ?

    Gitan

    Un gitan

    Lieutenant colonel

    ¿ Et qu’est-ce qu’un gitan ?

    Gitan

    N’importe quoi.

    Lieutenant colonel

    ¿ Comment t’appelles-tu ?

    Gitan

    Comme ça.

    Lieutenant colonel

    ¿ Que dis-tu ?

    Gitan

    Gitan.

    Sergent

    Je l’ai trouvé et l’ai amené.

    Lieutenant colonel

    ¿ Où étais-tu ?

    Gitan

    Sur le pont des rivières.

    Lieutenant colonel

    Mais, de quelles rivières ?

    Gitan

    De toutes les rivières.

    Lieutenant colonel

    ¿ Et que faisais-tu là-bas ?

    Gitan

       Une tour de cannelle.
    

    Lieutenant colonel

    ¡ Sergent !

    Sergent

    A vos ordres, mon lieutenant colonel de la Garde Civile.

    Gitan

    J’ai inventé des ailes pour voler, et je vole. Du soufre et de la rose sur mes lèvres.

    Lieutenant colonel

    ¡ Aïe !

    Gitan

    Mais je n’ai pas besoin d’ailes pour voler. Des nuages et des anneaux dans mon sang.

    Lieutenant colonel

    ¡ Aïïe !

    Gitan

    En janvier j’ai de la fleur d’oranger.

    Lieutenant colonel

    (Se tortillant) ¡ Aïïïïe !

    Gitan

    Et des oranges dans la neige.

    Lieutenant colonel

    Aïïïïe, poum paf, pan ! (Il tombe raide mort,)

    (L’âme de tabac et de café au lait du lieutenant colonel de la Garde Civile sort par la fenêtre.)

    Sergent

    ¡ Au secours !

    (Dans la cour de la caserne, quatre gardes civils frappent à coups de bâton le petit gitan.)

    Vingt-quatre coups,

    vingt-cinq coups;

    ensuite ma mère, à la nuit tombée,

    me mettra dans un papier d’argent.

    Garde civile des chemins,

    Donnez-moi quelques gorgées d’eau.

    De l’eau des poissons et des bateaux

    De l’eau, de l’eau, de l’eau, de l’eau.

    Hélas, chef des gardes

    qui es là-haut dans ta salle !

    Il n’y aura pas de mouchoir de soie

    pour nettoyer mon visage

    5 juillet 1925

    Federico García Lorca,

    Poème du « chant profond »

    Traduction française: Véronique RAMOND

    Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil – Federico García Lorca

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  3. De quoi séparer la fougère du moellon pour débrouiller l’énigme…
    Merci Julie je t’embrasse.

    LE CAPITAINE

    Peut-être un palanquin pour toute ma détresse
    Suffirait-il s’il est balancé par l’amour,
    Si dans le soir hindou au duvet de velours,
    Il m’enveloppe avec des ruses de maîtresse.

    De tendres éléphants, le dos rond de bontés,

    Et dont la trompe joue aux cornes d’abondance,

    Ne pourront-ils jamais donner la confiance

    A ce cerveau qui cherche une sérénité?

    Dromadaires, hamacs vivants et pathétiques,
    Rugueux comme la peau brûlante de l’Afrique,
    O mes chers sinueux au profil montagnard,
    Au regard triste et nu comme une œuvre sans art,

    Ne serai-je jamais le troublant capitaine

    De notre double peine?
    Ne vous verrai-je point, étranges confidents,
    Grandir à l’horizon des sables du néant?

    Que m’importe le cirque odorant des montagnes,

    La plaine au soleil aiguisé

    Et la chèvre, sœur du rocher,
    Et le chêne têtu qui dompte la campagne.

    Je ne sais plus, nature, entendre ta prière,

    Ni l’angoisse de l’horizon,
    Et me voici parmi les arbres et les joncs
    Sans mémoire et sans yeux comme l’eau des rivières.

    Jules Supervielle

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  4. Merci Marcello, bon jour à ton arbre…

    ARBRES III

    Arbres, travailleurs tenaces ajourant peu à peu la terre

    Ainsi le cœur endurant peut-être, purifie

    Je garderai dans mon regard

    comme une rougeur plutôt de couchant que d’aube qui est appel non pas au jour mais à la nuit flamme qui se voudrait cachée par la nuit

    J’aurai cette marque sur moi de la nostalgie de la nuit quand même la traverserais-je avec une serpe de lait

    Il y aura toujours dans mon œil cependant une invisible rose de regret comme quand au-dessus d’un lac a passé l’ombre d’un oiseau

    Et des nuages très haut dans l’air bleu qui sont des boucles de glace

    la buée de la voix

    que l’on écoute à jamais tue

    Philippe Jaccottet

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