NOTRE JARDIN BLEU 3
Nous avons rangé dans nos poches
la perle corrompue
des saisons et celle du sens de la fête
versée dans l’abus,
la fausse épaisseur
et les clameurs inouïes
lancées vers l’idole d’une heure
promptes à vous faire une vie parfaite.
Nous n’avions pas d’idole mais toute une vie
pour entourer les pierres d’une tendresse particulière
et accrocher comme on aime
nos yeux aux boutons ouverts
de la fleur rescapée de l’indifférent système.
Notre jardin bleu est de ceux où l’on sème
la contemplation muette et le chant de nos oiseaux
résonne de branche en branche
sans se cogner jamais aux couloirs du dimanche
et à ses familiales querelles.
Notre jardin de fortune promet le cadeau
de fruits ronds frissonnant encore de leurs eaux
et nous les déposons aux paumes de la lune jumelle
qui couche son lit à l’ombilical de nos rêves
entre la fraise, la menthe, et le persil.
Il arrive qu’on y croise la nuit
les blanches grand-mères de nos enfances
et on les regarde reprendre leur danse
ravies.
ô Marthe, Louise et Jeanne,
le tilleul frondeur pénètre encore par la fenêtre
pour chaparder la madeleine de vos tisanes.
Barbara Auzou
Notre Jardin Bleu 3 – 2018 – Niala – Acrylique s/toile 61×46
Ce numéro 3 est d’une tendresse infinie…Laisse-moi m’y reposer doucement sous la bienveillance tutélaire de Marthe, Louise et Jeanne…
Merci mon Alain…
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Etends-z’y Toi de toute ta profondeur et laisse-toi porter ma Barbara.
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La terre est bleue
La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s’entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d’alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d’indulgence
À la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vert
L’aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.
Paul Eluard….
C’est celui-ci qui me semble convenir ce matin…
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Celui qui peut à lui seul dire tout Grindel. Le prendre pour modèle ne pouvant signifier qu’étalon
Est d’heureuse partition…
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je t’embrasse bleu…
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Du grain à l’ombilic
Bleu de langue
Vert de vers
À tes tiennes
Trinquent les miennes
Bleus baisers…
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A vous toutes, à vous tous qui avez liké? Barbara et moi vous disons merci par ce chant de liberté que NOTRE JARDIN BLEU cultive
N-L
Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil
Teniente Coronel
Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil
Sargento
Sí.
Teniente Coronel
Y no hay quien me desmienta.
Sargento
No.
Teniente Coronel
Tengo tres estrellas y veinte cruces.
Sargento
Sí.
Teniente Coronel
Me ha saludado el cardenal arzobispo de Toledo con sus veinticuatro borlas moradas.
Sargento
Sí.
Teniente Coronel
Yo soy el teniente. Yo soy el teniente. Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil.
(Romeo y Julieta, celeste, blanco y oro, se abrazan sobre el jardín de tabaco de la caja de puros. El militar acaricia el cañón de su fusil lleno de sombra submarina. Una voz fuera.)
Luna, luna, luna, luna,
del tiempo de la aceituna.
Cazorla enseña su torre
y Benamejí la oculta.
Luna, luna, luna, luna.
Un gallo canta en la luna.
Señor alcalde, sus niñas
están mirando a la luna.
Teniente Coronel
¿ Qué pasa ?
Sargento
¡ Un gitano !
(La mirada de mulo joven del gitanillo ensombrece y agiganta los ojirris del TENIENTE CORONEL de la Guardia Civil.)
Teniente Coronel
Yo soy el teniente coronel de la Guardia Civil
Sargento
Sí.
Teniente Coronel
¿ Tú quién eres ?
Gitano
Un gitano
Teniente Coronel
¿ Y qué es un gitano ?
Gitano
Cualquier cosa.
Teniente Coronel
¿ Cómo te llamas ?
Gitano
Eso
Teniente Coronel
¿ Qué dices ?
Gitano
Gitano
Sargento
Me lo encontré y lo he traído.
Teniente Coronel
¿ Dónde estabas ?
Gitano
En la puente de los ríos.
Teniente Coronel
Pero, ¿ de qué ríos ?
Gitano
De todos los ríos.
Teniente Coronel
¿ Y qué hacías allí ?
Gitano
Una torre de canela.
Teniente Coronel
¡ Sargento !
Sargento
A la orden, mi teniente coronel de la Guardia Coronel.
Gitano
He inventado unas alas para volar, y vuelo. Azufre y rosa en mis labios.
Teniente Coronel
¡ Ay !
Gitano
Aunque no necesito alas, porque vuelo sin ellas. Nubes y anillos en mi sangre.
Teniente Coronel
¡ Ayy !
Gitano
En Enero tengo azahar.
Teniente Coronel
(Retorciéndose) ¡ Ayyyyy !
Gitano
Y naranjas en la nieve.
Teniente Coronel
¡ Ayyyyy, pun pin, pam. (Cae muerto,)
(El alma de tabaco y café con leche del teniente coronel de la Guardia Civil sale por la ventana.)
Sargento
¡ Socorro !
(En el patio del cuartel, cuatro guardias civiles apalean al gitanillo.)
Veinticuatro bofetadas,
veinticinco bofetadas;
después, mi madre, a la noche,
me pondrá en un papel de plata.
Guardia civil caminera,
dadme unos sorbitos de agua.
Agua peces y barcos.
Agua, agua, agua, agua.
¡ Ay, mandor de los civiles
que estás arriba en tu sala !
¡ No habrá pañuelos de seda
para limpiarme la cara !
5 de julio de 1925
Federico García Lorca, Poema del Cante jondo
Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil – Federico García Lorca
Lutte entre la cruauté et le rêve, entre la laideur de la réalité et la beauté des mots…
Scène du Lieutenant Colonel de la Garde Civile
Lieutenant colonel
Je suis le Lieutenant Colonel de la Garde Civile.
Sergent
Oui
Lieutenant colonel
Et personne ne me contredit.
Sergent
Non.
Lieutenant colonel
J’ai trois étoiles et vingt croix.
Sergent
Oui
Lieutenant colonel
L’archevêque de Tolède m’a salué, avec ses vingt-quatre pompons violets.
Sergent
Oui.
Lieutenant colonel
Je suis le lieutenant. Je suis le lieutenant. Je suis le lieutenant colonel de la Garde civile.
(Roméo et Juliette, bleu ciel, blanc et or, s’étreignent sur le jardin de tabac de la boîte de cigares. Le militaire caresse le canon de son fusil rempli d’ombre sous-marine. Une voix à l’extérieur.)
Lune, lune, lune, lune,
du temps de l’olive.
Cazorla montre sa tour
et Benamejí la dissimule.
Lune, lune, lune, lune,
Un coq chante sous la lune.
Monsieur le maire, vos filles
en ce moment regardent la lune.
Lieutenant colonel
¿ Que se passe-t’il ?
Sergent
¡ Un gitan !
(Le regard de mulet du petit gitan assombrit et rend gigantesques les énormes yeux du lieutenant colonel de la garde Civile.)
Lieutenant colonel
Je suis le lieutenant colonel de la Garde Civile.
Sergent
Oui.
Lieutenant colonel
¿ Qui es-tu, toi ?
Gitan
Un gitan
Lieutenant colonel
¿ Et qu’est-ce qu’un gitan ?
Gitan
N’importe quoi.
Lieutenant colonel
¿ Comment t’appelles-tu ?
Gitan
Comme ça.
Lieutenant colonel
¿ Que dis-tu ?
Gitan
Gitan.
Sergent
Je l’ai trouvé et l’ai amené.
Lieutenant colonel
¿ Où étais-tu ?
Gitan
Sur le pont des rivières.
Lieutenant colonel
Mais, de quelles rivières ?
Gitan
De toutes les rivières.
Lieutenant colonel
¿ Et que faisais-tu là-bas ?
Gitan
Lieutenant colonel
¡ Sergent !
Sergent
A vos ordres, mon lieutenant colonel de la Garde Civile.
Gitan
J’ai inventé des ailes pour voler, et je vole. Du soufre et de la rose sur mes lèvres.
Lieutenant colonel
¡ Aïe !
Gitan
Mais je n’ai pas besoin d’ailes pour voler. Des nuages et des anneaux dans mon sang.
Lieutenant colonel
¡ Aïïe !
Gitan
En janvier j’ai de la fleur d’oranger.
Lieutenant colonel
(Se tortillant) ¡ Aïïïïe !
Gitan
Et des oranges dans la neige.
Lieutenant colonel
Aïïïïe, poum paf, pan ! (Il tombe raide mort,)
(L’âme de tabac et de café au lait du lieutenant colonel de la Garde Civile sort par la fenêtre.)
Sergent
¡ Au secours !
(Dans la cour de la caserne, quatre gardes civils frappent à coups de bâton le petit gitan.)
Vingt-quatre coups,
vingt-cinq coups;
ensuite ma mère, à la nuit tombée,
me mettra dans un papier d’argent.
Garde civile des chemins,
Donnez-moi quelques gorgées d’eau.
De l’eau des poissons et des bateaux
De l’eau, de l’eau, de l’eau, de l’eau.
Hélas, chef des gardes
qui es là-haut dans ta salle !
Il n’y aura pas de mouchoir de soie
pour nettoyer mon visage
5 juillet 1925
Federico García Lorca,
Poème du « chant profond »
Traduction française: Véronique RAMOND
Escena del Teniente Coronel de la Guardia Civil – Federico García Lorca
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Très beau avec cette différence entre la ville et la nature (au premier plan.)
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De quoi séparer la fougère du moellon pour débrouiller l’énigme…
Merci Julie je t’embrasse.
LE CAPITAINE
Peut-être un palanquin pour toute ma détresse
Suffirait-il s’il est balancé par l’amour,
Si dans le soir hindou au duvet de velours,
Il m’enveloppe avec des ruses de maîtresse.
De tendres éléphants, le dos rond de bontés,
Et dont la trompe joue aux cornes d’abondance,
Ne pourront-ils jamais donner la confiance
A ce cerveau qui cherche une sérénité?
Dromadaires, hamacs vivants et pathétiques,
Rugueux comme la peau brûlante de l’Afrique,
O mes chers sinueux au profil montagnard,
Au regard triste et nu comme une œuvre sans art,
Ne serai-je jamais le troublant capitaine
De notre double peine?
Ne vous verrai-je point, étranges confidents,
Grandir à l’horizon des sables du néant?
Que m’importe le cirque odorant des montagnes,
La plaine au soleil aiguisé
Et la chèvre, sœur du rocher,
Et le chêne têtu qui dompte la campagne.
Je ne sais plus, nature, entendre ta prière,
Ni l’angoisse de l’horizon,
Et me voici parmi les arbres et les joncs
Sans mémoire et sans yeux comme l’eau des rivières.
Jules Supervielle
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Merci beaucoup. Bonne journée à toi!
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Ô pas de coi Julie….
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Merci Marcello, bon jour à ton arbre…
ARBRES III
Arbres, travailleurs tenaces ajourant peu à peu la terre
Ainsi le cœur endurant peut-être, purifie
Je garderai dans mon regard
comme une rougeur plutôt de couchant que d’aube qui est appel non pas au jour mais à la nuit flamme qui se voudrait cachée par la nuit
J’aurai cette marque sur moi de la nostalgie de la nuit quand même la traverserais-je avec une serpe de lait
Il y aura toujours dans mon œil cependant une invisible rose de regret comme quand au-dessus d’un lac a passé l’ombre d’un oiseau
Et des nuages très haut dans l’air bleu qui sont des boucles de glace
la buée de la voix
que l’on écoute à jamais tue
Philippe Jaccottet
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